Santé Canada dissimule si bien les informations qu'elle recueille lors de ses inspections dans des usines de fabrication de médicaments à l'étranger que les Canadiens ne sont pas en mesure de savoir si les médicaments qu'ils consomment sont sûrs, estime le chercheur Alan Cassels de l'université Victoria, en Colombie-Britannique.

Le chercheur soutient que la majorité des médicaments sur ordonnance sont fabriqués outre-mer et dénonce la quantité limitée de données que lui fournit Santé Canada sur les inspections qu'elle mène dans ces établissements. M. Cassels dit avoir tenté d'obtenir des informations à de nombreuses reprises, mais sans succès.

Le chercheur rapporte que Santé Canada a indiqué avoir mené 35 inspections entre 2006 et 2011, sans toutefois accepter de fournir des informations sur les pays où ces contrôles ont été menés.

«L'agence Santé Canada ne peut pas nous dire ce qu'elle a inspecté, ce qu'elle a trouvé; elle ne peut pas expliquer la manière dont elle a remédié à certaines situations ou, encore, discuter de l'impact d'un nombre d'inspections aussi restreint. La question que je me pose depuis des années, c'est pourquoi autant de secrets?», demande le chercheur.

Il admet qu'il est possible que Santé Canada soit influencée par les exigences de l'industrie pharmaceutique, qui souhaite protéger ses renseignements commerciaux exclusifs, mais soutient être simplement à la recherche d'informations en lien avec la sécurité du public.

«La plupart des gens seraient choquées d'apprendre qu'une importante partie des usines de fabrication de médicaments du Canada utilisent tels quels les ingrédients de l'Inde, de la Chine ou de Porto Rico, notamment. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, mais à quelle fréquence ces usines sont-elles inspectées?», s'interroge M. Cassels.

Plus tôt cette année, l'usine québécoise de la compagnie de médicaments génériques Sandoz a mis fin à sa production d'analgésiques, d'antibiotiques et de médicaments anesthésiques lorsqu'elle a augmenté ses normes de production afin de respecter celles établies par la U.S. Food and Drug Administration. Ce changement avait alimenté bien des questionnements.

La direction de Santé Canada avait alors indiqué que le gouvernement allait accélérer l'approbation de médicaments venant de l'étranger utilisés par les Canada, mais elle avait assuré que ceux-ci allaient devoir respecter les exigences de qualité.

M. Cassels y voit une raison supplémentaire pour que Santé Canada fournisse des informations à propos de ses inspections dans les usines de fabrication de médicaments.

Il s'inquiète également des récentes compressions dans la fonction fédérale, car elles pourraient contribuer selon lui à la réduction du nombre d'inspections au Canada et à l'étranger.