Payer 1$ pour un fruit frais, c'était possible depuis deux ans, à La Ronde. Le bistro à coco, tenu par la Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du Québec, y vendait de la nourriture saine à prix modique. Mais il a fermé ses portes, a appris La Presse.

«On avait un menu très diversifié, avec des frappés aux fruits, des sandwichs grillés, de la soupe aux oeufs, a indiqué Nicolas Picard, directeur du marketing de la Fédération. On ne vendait pas de boissons gazeuses, pas de chips, c'était vraiment santé.» Un sandwich grillé aux oeufs et au beurre blanc s'y vendait 4$.

L'objectif? Montrer que les oeufs permettent de manger sainement à bas prix. «On avait la clientèle de la petite famille, mais pas celle des adolescents, qui vont à La Ronde pour manger de la barbe à papa et boire du Coke», a reconnu M. Picard. Faute de rentabilité, Le bistro à coco n'a pas rouvert cet été.

La Ronde - qui touche un pourcentage des recettes de vente de nourriture sur son site - aurait voulu que le bistro augmente ses prix. «J'ai connu les autres exploitants de comptoirs alimentaires, et eux étaient là pour faire de l'argent, a dit M. Picard. Nous ne voulions pas vendre cher. Ç'a été un sujet de discussion avec La Ronde.»

Pas de politique santé

Cet échec n'étonne pas Paul Boisvert, coordonnateur de la chaire de recherche sur l'obésité à l'Université Laval. «Un virage santé, ça ne se fait pas à la va-comme-je-te-pousse, a-t-il fait valoir. Ça doit venir d'une volonté claire des dirigeants, qui doivent adopter une politique alimentaire définissant ce qu'est l'alimentation santé avec des critères.»

Pour que ce soit un succès, «il faut qu'au moins 20% de l'offre alimentaire soit santé, qu'elle soit bien affichée dans les stands et bien annoncée dans le parc d'attractions, pour qu'on la trouve facilement», a expliqué M. Boisvert.

Catherine Tremblay, porte-parole de La Ronde, n'a pas voulu dire si le parc montréalais a une politique alimentaire. «Il est très important pour nous d'être à l'écoute de nos visiteurs, a-t-elle indiqué par courriel. C'est pourquoi, en nous basant sur ce qu'ils nous disent, nous offrons une grande variété de nourriture allant de choix plus santé aux classiques offerts dans les parcs d'attractions, qui sont de loin les aliments les plus populaires auprès de notre clientèle. Nous continuerons d'adapter nos menus pour répondre aux attentes de nos visiteurs.»

Or, les aliments nutritifs sont rares à La Ronde, cet été, comme l'a démontré un récent reportage de La Presse. «La Ronde m'a confirmé que ce qu'ils reçoivent le plus comme plainte écrite, c'est qu'il n'y a pas de bouffe santé», a souligné M. Picard.

Réussite au Centre Bell

Quant à la Fédération des producteurs d'oeufs, elle a décidé de faire la promotion de ses cocos au Centre Bell. Depuis le mois de janvier 2011, le temple du hockey montréalais offre des sandwichs roulés aux oeufs au prix de 6,67$ (ce qui permet de réaliser un joli profit). La Fédération fournit les recettes et achète de la publicité au Centre Bell mais ne gère pas les restaurants.

Ces sandwichs, qui se mangent d'une main (ce qui laisse l'autre libre pour tenir un verre de bière, un critère essentiel) sont populaires. «Au départ, seules 4 concessions les vendaient, a dit M. Picard. Maintenant, il y en a 16.»