Le nombre d'étudiants qui accéderont à la formation postdoctorale en médecine de famille et dans des spécialités frôlera le cap de 1000 en 2012-2013. Ce nombre, qui a rarement été aussi élevé, inquiète la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), qui craint que des médecins se retrouvent au chômage dans quelques années.

Comme il a l'habitude de le faire aux deux ans, le gouvernement a dévoilé, cette semaine, le nombre de places qu'il y aura dans les facultés de médecine du Québec. La part du lion revient encore aux spécialistes, avec 481 postes, une baisse de tout de même 6 postes par rapport à 2010-2011. La médecine de famille est loin d'être en reste avec l'ouverture de 409 postes, soit une hausse de 12 entrées.

En médecine spécialisée, des énergies particulières sont consenties pour remédier à la pénurie en psychiatrie, avec l'ouverture de 46 places en formation postdoctorale. On signale des besoins prioritaires en pédopsychiatrie et en psychogériatrie, un domaine où les listes d'attente atteignent souvent deux ans. La médecine interne arrive en deuxième position, avec 33 postes, et la radiologie diagnostique en troisième, avec 28 entrées.

Spécialités «saturées»

Si le président du Collège des médecins du Québec, le Dr Charles Bernard, salue ces nouvelles admissions, particulièrement en médecine familiale, c'est loin d'être le cas du Dr Charles Dussault, président de la Fédération des médecins résidents du Québec. Surtout à la lumière des déclarations du ministre Yves Bolduc, qui a prédit récemment qu'on aurait assez de médecins de famille en 2016.

«Depuis 18 mois, on a de la difficulté à placer nos diplômés en neurologie et en cardiologie, affirme-t-il. Et ça commence à être le cas en chirurgie orthopédique, en chirurgie générale et dans plusieurs domaines. Le phénomène commence à se généraliser. Les spécialités sont saturées. Il faut réduire les entrées en médecine parce qu'on va avoir des médecins au chômage d'ici à quelques années.»

Selon le Dr Dussault, la difficulté des Québécois à avoir un médecin de famille ou à consulter un spécialiste s'explique par le manque de ressources et par la pénurie d'infirmières et de personnel soignant. «À l'heure actuelle, on a un surplus net de 200 médecins, affirme-t-il. Il faut comprendre que nous formons plus de médecins qu'il n'y a de départs à la retraite.»

Loin d'être d'accord, le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), estime que les prévisions du ministre Bolduc sont optimistes: «On n'a pas encore un ratio 50-50 entre les omnipraticiens et les spécialistes, dit-il. Il est vrai qu'il y a un surplus chez les spécialistes, mais certainement pas en médecine de famille.» Un avis que partage la critique en santé du Parti Québécois, Agnès Maltais, qui dit que le ministre a manqué à sa promesse d'atteindre la parité.

Pour soigner les gens

Selon les dernières statistiques du Collège des médecins du Québec, la province comptait, en 2011, 20 969 médecins, soit 505 de plus qu'au 31 décembre 2010. L'an dernier, 776 médecins ont été inscrits au tableau et 271 médecins ont été retirés pour cause de décès, de démission, d'expiration de permis ou de radiation. Cet ajout net de 505 membres est la plus forte hausse du nombre de médecins au Québec depuis 1996.