Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a forcé l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) à revoir sa décision en approuvant certains médicaments coûteux pour le traitement du cancer qu'il avait refusés.

«Le ministre s'est assis la semaine dernière avec l'INESSS pour en discuter, il voulait revoir avec l'Institut les processus», a expliqué Natacha Joncas-Boudreau, attachée de presse du ministre Bolduc, hier à La Presse.

M. Bolduc avait récemment été relancé à l'Assemblée nationale par la députée péquiste Agnès Maltais. Il avait alors indiqué qu'il comptait rencontrer l'Institut national d'excellence en santé, ancien Conseil du médicament, qui avait mis de côté des traitements très coûteux contre le cancer. «Le patient est en droit de recevoir les soins qui lui sont nécessaires, a-t-il affirmé, surtout dans le cas du cancer. La valeur thérapeutique va prédominer sur la valeur économique du médicament.»

La Coalition priorité cancer, formée de patients et de professionnels de la santé, a attaqué le verdict de l'INESSS en déplorant que des considérations purement économiques freinent l'accès aux médicaments de pointe pour des patients atteints du cancer.

Il n'y a guère de précédent où un ministre de la Santé ait cassé une décision de l'Institut, organisme indépendant. Le ministre Bolduc a parlé de ses intentions à une réunion récente avec ses partenaires du réseau.

«Dans un dossier comme celui-là, la question de l'économie, à un moment donné, doit être mise de côté pour l'humain», a-t-il soutenu à l'Assemblée nationale.

Marge de manoeuvre accrue pour les pharmaciens

Par ailleurs, a-t-on appris, le ministre Bolduc compte déposer tout prochainement un projet de loi qui déléguera aux pharmaciens des actes actuellement réservés aux médecins. Hier, son cabinet a soutenu que les discussions entre les médecins et les pharmaciens n'étaient pas encore conclues. Mais selon les renseignements obtenus, cinq actes médicaux pourront être faits par un pharmacien en vertu du projet de loi.

Ainsi, le pharmacien pourra prolonger une ordonnance, l'adapter à certains facteurs comme le poids du patient, par exemple. Le pharmacien pourra avoir accès à des résultats de laboratoire et pourra administrer certains médicaments pour des fins pédagogiques (montrer à un diabétique comment s'administrer son insuline, par exemple). Finalement, il pourra prescrire des médicaments pour certains maux bénins, l'herpès labial (les feux sauvages) ou les infections urinaires, tous des cas pour lesquels le diagnostic et le médicament à prescrire sont déjà bien définis. Dans plusieurs autres provinces canadiennes, ces actes ne sont plus l'apanage des médecins.