Selon un sondage commandé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), les Québécois sont, avec les Britanno-Colombiens, les Canadiens les plus méfiants à l'égard de la salubrité des aliments. Ce qui inquiète le plus: les aliments importés de pays du tiers-monde. Réalisée par Léger Marketing au coût de 104 261$, cette enquête a été remise au gouvernement fédéral le 20 juillet dernier.

Seuls 14% des Canadiens font complètement confiance au système d'inspection des aliments, un taux qui grimpe à 89% quand on inclut ceux qui y font modérément confiance. Le sentiment de sécurité est moins fort au Québec (9% de confiance complète) qu'en Ontario (17%), selon le sondage mené auprès de 1000 répondants.

L'impact de l'éclosion de listériose chez Maple Leaf, qui avait fait 22 morts au pays en 2008, s'atténue, souligne le rapport. Pragmatiques, les Canadiens sont d'avis que, s'ils n'ont eux-mêmes vécu aucune mauvaise expérience alimentaire, c'est parce que le système fonctionne.

Le public a une grande confiance envers les agriculteurs canadiens (80% de confiance), Ottawa (73%) et l'industrie alimentaire d'ici (59%), jugés aptes à limiter la dissémination de produits dangereux et à procéder à des rappels.

La Chine

Mais la méfiance règne à propos des institutions et des fermiers étrangers (de 23% à 29% de confiance). «Ce qui inquiète le plus les gens, c'est d'entendre parler de catégories d'aliments qui peuvent être dangereux en général, par exemple le poisson d'Asie», précise le rapport. «J'essaie vraiment d'éviter tout ce qui vient de Chine», a dit un participant aux groupes de discussion qui ont suivi le sondage.

Les craintes sont suscitées par le fait que «plusieurs pays n'imposent pas à leur système de production alimentaire les mêmes règles et contrôles qu'au Canada», précise le rapport. À 78%, les Canadiens savent que les aliments importés doivent répondre aux mêmes critères que ceux d'ici avant d'être vendus chez nous. Mais ils doutent de la capacité du Canada de le vérifier... «Le faible niveau de confiance cible surtout les pays du tiers-monde», indique le rapport.

Galette de viande à l'E. coli

À tort, les Canadiens croient que la plupart des cas de contamination évitables se produisent à l'extérieur de la cuisine. Bien qu'ils disent suivre les règles de salubrité alimentaire, seulement 35% utilisent régulièrement un thermomètre à viande numérique. C'est encore moins courant chez les francophones (20%). Or, une galette de viande hachée décongelée peut avoir une couleur brunâtre au milieu et contenir tout de même la dangereuse bactérie E. coli. Seul un thermomètre permet de savoir si la viande a atteint la température nécessaire pour qu'elle soit sans danger, soit au moins 71°C, selon l'ACIA.

Le tiers des Canadiens (34%) dit consommer régulièrement des aliments biologiques, et 74% savent que les produits «doivent respecter des règles rigoureuses» avant d'être étiquetés bio.

La Presse a demandé à l'ACIA ce qui avait motivé cette enquête. «Nous allons publier un communiqué de presse sur le sondage» au cours des prochains jours, a répondu Alice D'Anjou, porte-parole de l'agence fédérale.

Avec la collaboration de William Leclerc