Moins de 10% des tests génétiques disponibles sur l'internet ont été certifiés par des autorités médicales, selon une nouvelle étude américano-canadienne. Et pourtant, les autorités réglementaires hésitent à investir ce champ grandissant de la médecine participative.

«Des pays comme l'Allemagne ont tenté la méthode forte en interdisant les tests génétiques vendus directement aux consommateurs», explique Ann McGuire, du Collège de médecine Baylor à Houston, l'auteure principale de l'article paru hier dans la revue Science. «Mais, comme toutes les transactions sont faites par internet, l'impact est négligeable. Je crois qu'il faudra en arriver à une certaine réglementation pour les tests à haut risque, ceux qui convainquent les patients de changer leur style de vie ou de prendre des médicaments ou qui créent de l'anxiété. D'ailleurs, les seuls cas où les autorités ont sévi aux États-Unis sont ceux d'entreprises qui vendaient des produits amaigrissants sur la base de tests génétiques bidon.»

Pour compliquer le tout, plusieurs des entreprises qui offrent ce genre de tests se cachent derrière une exemption décernée par la Food and Drug Administration (FDA) aux laboratoires qui mettent au point leurs propres tests sans les vendre à d'autres laboratoires. «Par souci d'humilité bureaucratique, la FDA a respecté cette exemption, même si elle n'a aucun sens, puisque des consommateurs ont accès à ces tests, dit Mme McGuire. L'exemption visait la recherche.»

Le marché des tests génétiques vendus directement aux consommateurs représente 3 milliards US par année aux États-Unis, selon une étude publiée le printemps dernier par le Journal for Nurse Practitioners. «Au Canada, on semble attendre de voir ce que les États-Unis vont faire», explique un coauteur de l'étude, Timothy Caulfield, de l'Université de l'Alberta. «Génome Canada a tenu un forum national à Ottawa l'été dernier. Les Canadiens ont accès à ces services par les États-Unis. Une seule entreprise canadienne existe, en Alberta.»

L'un des problèmes principaux est que les résultats accaparent de plus en plus du temps des médecins, selon une étude publiée en 2008 dans le Journal de l'Association médicale américaine. Les patients insistent pour discuter avec leur médecin des résultats qu'ils viennent d'obtenir, alors même que la plupart des tests génétiques actuels ne permettent d'identifier qu'une faible augmentation de risque, moins de 50%, ce qui a peu d'impact sur les décisions cliniques et de mode de vie.

«L'avenir réside peut-être dans le financement de bases de données publiques permettant de mieux comprendre la portée des tests», estime Mme McGuire. Aux États-Unis, des bases de données comme GeneTests et Genomic Applications in Practice and Prevention fournissent déjà ce genre d'informations et les instituts nationaux de la santé des États-Unis songent à mettre sur pied un registre public, sur la base de la réputée base de données d'articles médicaux Medline.