Les dirigeants des hôpitaux sont préoccupés par les menaces de grève des infirmières.

L'association qui regroupe les directeurs des établissements craint que des gestes illégaux soient posés, comme au cours des conflits de travail tumultueux de 1989 et 1999.

Laissé pour compte dans l'entente avec le secteur public, le syndicat des infirmières demandera à ses membres un mandat de grève en septembre.

Dans une entrevue téléphonique à La Presse Canadienne cette semaine, le président de l'Association des directeurs généraux des services de santé et des services sociaux (ADGSSSQ), André Côté, a déclaré qu'il est «bien dommage» que les infirmières envisagent des moyens de pression cet automne.

«On trouve ça toujours un peu plate, parce que dès qu'on parle de moyens de pression, ça inquiète assez facilement les gens malades, les gens qui doivent avoir des services, même si les infirmières parlaient seulement de porter le jeans», a commenté M. Côté, en convenant que les bénéficiaires et les patients du réseau sont vulnérables.

Il a rappelé qu'il n'est «pas facile» d'exercer des moyens de pression dans le réseau de la santé, en raison des règles strictes du Conseil des services essentiels. À ce qu'il sache, aucune requête n'a été déposée au conseil en vue d'une grève.

M. Côté «espère» surtout que les infirmières ne feront pas «des choses illégales», comme lors des conflits de 1989 et 1999. Les services essentiels n'avaient pas été assurés et le syndicat avait dû payer de lourdes amendes.

«Cela avait été très pénible», s'est souvenu le président de l'ADGSSSQ.

Quant au déroulement des négociations, il soutient n'être «pas assez au courant pour être optimiste.

«On a certaines informations, mais on est loin d'être dans le secret des dieux», a-t-il indiqué, en rappelant que c'est le comité patronal, composé des associations d'établissements et du ministère, qui négocie, et non les directeurs d'établissements.

Il se demande bien pourquoi le dossier reste bloqué et aurait préféré qu'une entente soit conclue rapidement.

«Les infirmières sont dans une situation particulière dans le réseau de la santé, a-t-il expliqué. J'aurais aimé qu'elles soient les premières à conclure une entente, plutôt que les dernières. Cela aurait été un signe que, oui, leur particularité (est tenue en compte), en raison de la pénurie. Cela aurait apporté différentes solutions, des améliorations.»

Le porte-parole péquiste en matière de Santé, Bernard Drainville, dit comprendre l'inquiétude des gestionnaires du système et la juge légitime.

«Je suis convaincu qu'ils (les gestionnaires) souhaitent une entente, a-t-il affirmé en entrevue. Ils ne souhaitent pas une détérioration du climat, ils ne veulent pas que les infirmières partent en grève, ils ne veulent qu'elles quittent le système public pour aller travailler dans une agence privée.»

Les gestionnaires savent que les infirmières en agence privée leur coûtent beaucoup plus cher, a-t-il rappelé.

À son avis, il faut «éviter le pire» et il demande au gouvernement de «tout faire en son pouvoir» pour en arriver à une entente négociée. Une entente imposée ou une grève aurait des «conséquences graves» à long terme: la pénurie de main d'oeuvre serait accrue en raison de la démotivation des effectifs, a argué le député de Marie-Victorin.

«Oui, une entente négociée va sans doute coûter plus cher, mais si on n'a pas d'entente négociée et que les infirmières quittent pour les agences privées, il faudra aller les chercher à un coût plus élevé encore. Le contribuable n'est pas gagnant. Il ne faut pas seulement faire un calcul à court terme. Le coût d'un conflit finit par être très très lourd.»

Représentant près de 60 000 professionnelles en soins, la Fédération interprofessionnelle de la santé ( FIQ) est le seul syndicat du Front commun du secteur public à ne pas avoir signé le règlement global convenu au début de l'été.

L'aménagement du temps de travail constitue le litige principal. Les négociations sont au point mort, et aucune rencontre n'est prévue avec le gouvernement. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, affirme toutefois être prêt à négocier.

Personne n'était disponible au comité patronal pour accorder une entrevue, tandis que le ministère n'a pas voulu commenter les négociations.