Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'engage à trouver ce week-end 100 lits de soins de longue durée afin d'atténuer la «crise aiguë» qui secoue l'urgence de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Mais l'engorgement des salles des urgences à Montréal durera encore des années.

Il faudra de quatre à cinq ans avant que les hôpitaux ne soient plus débordés comme aujourd'hui. Et encore, le problème ne sera pas réglé. «Ce n'est pas dans cinq ans que ça va être correct», a reconnu le ministre Bolduc en conférence de presse, hier. «Mais d'ici cinq ans, il va y avoir des améliorations progressives.»

Pour l'heure, 40 patients qui sont en attente d'hébergement et qui occupent des lits de courte durée à l'HMR seront envoyés dans d'autres établissements pour y recevoir les soins appropriés. Les 60 autres lits seront dévolus à des patients qui attendent dans d'autres urgences. Mais au total, 300 personnes sont en attente d'hébergement dans les hôpitaux montréalais à l'heure actuelle.

Selon Yves Bolduc, l'attente de plus de 48 heures aux urgences de l'HMR sera éliminée «pour les prochains jours, puis on va essayer de maintenir ça dans le futur».

Solution temporaire

Les 100 lits annoncés représentent une «solution temporaire». Le ministre a également promis des «solutions permanentes» au temps d'attente dans les urgences de la métropole. La rénovation de la salle des urgences de l'HMR sera annoncée «dans quelques semaines». Les autres solutions sont, entre autres, l'amélioration des services de première ligne, l'arrivée de plus de médecins et d'infirmières, la création d'équipes de médecins de famille et de cliniques-réseaux. «Mais pour avoir ces solutions, ça va prendre quatre ou cinq ans. En attendant, il faut absolument qu'on ait des solutions temporaires dont, entre autres, avoir plus de lits d'hébergement à l'extérieur de l'hôpital», a dit Yves Bolduc.

Selon lui, 11 hôpitaux éprouvent des «problèmes sérieux» au Québec, et une quinzaine d'autres connaissent des «problèmes assez marqués». «Les 75 autres urgences, sans dire que c'est parfait, fonctionnent relativement bien», a-t-il ajouté. C'est à Montréal que les salles des urgences sont le plus débordées, en particulier à Maisonneuve-Rosemont, où la crise est «aiguë», selon le ministre. Il se dit «attristé» par la situation «difficile» que vit le personnel de cet hôpital. «Je suis contre les heures supplémentaires, surtout obligatoires», «mais on a l'obligation de continuer à offrir les soins».

Le temps d'attente ne se règle pas avec un coup de «baguette magique en 24 heures», a dit Yves Bolduc, dont le parti avait promis d'éliminer l'attente dès son arrivée au pouvoir, en 2003.

«Échec patent»

Le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville, a indiqué que, sept ans plus tard, «l'attente dans les urgences n'a jamais été aussi élevée»: 17 heures et demie en moyenne. Quelque 50 000 personnes ont attendu plus de 48 heures, comparativement à 40 000 l'an dernier. M. Bolduc avait promis «beaucoup d'améliorations» lorsqu'il est entré en fonction, en 2008. «Deux ans plus tard, les résultats non seulement ne sont pas là, mais c'est un échec patent, a lancé M. Drainville. Jusqu'à maintenant, il n'a absolument pas fait la preuve qu'il était le soi-disant expert dans la gestion des salles d'urgences qu'il prétendait être lorsqu'il est devenu ministre de la Santé.» Le député de Marie-Victorin, qui réclame un «plan d'urgence pour les urgences», déplore l'absence de stratégie et le manque de leadership de M. Bolduc.

Comme le ministre est «complètement déconnecté», le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, demande au premier ministre Jean Charest de s'occuper «personnellement» de la crise dans les urgences. «Jean Charest a le devoir sacré et personnel» de le faire, lui qui «s'était fait un point d'honneur de régler» la situation il y a sept ans. «Moi, je ne sais pas comment sont les urgences à Washington, à Vancouver, à New Delhi, à Paris, à Moscou ou à Copenhague. Par contre, je sais dans quel état sont nos urgences au Québec. Monsieur le premier ministre, ça suffit, votre tournée mondiale, revenez les deux pieds sur terre, occupez-vous des urgences au Québec, les gens en ont cruellement besoin», a lancé M. Deltell.