Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, juge «préoccupants» les taux d'erreur enregistrés dans les tests de diagnostic du cancer du sein selon une étude de l'Association des pathologistes du Québec. Mais il veut vérifier la fiabilité de cette étude avant de prendre des mesures spéciales.

Yves Bolduc a demandé au Collège des médecins et à l'Institut national de santé publique de se pencher sur le document, qui laisse entendre que des femmes atteintes du cancer du sein auraient reçu un mauvais traitement ou pas de traitement du tout. Il s'attend à recevoir un rapport préliminaire aujourd'hui qui lui permettra de déterminer quelles actions devront être prises.

 

Entre-temps, les femmes inquiètes peuvent appeler la ligne Info-Santé (811). «Des gens vont être capables de répondre aux questionnements des gens. On n'aura pas toutes les réponses, mais au moins il va y avoir un premier répondant», a affirmé le ministre.

«Au début de la semaine prochaine, je m'attends à ce qu'on ait des réponses pour notre clientèle qui reçoit des traitements actuellement et qui a eu des traitements récemment. Je n'exclus pas qu'on vérifie tous les cas sur une période donnée», a-t-il ajouté.

Le ministre dit comprendre l'inquiétude des femmes concernées «mais je ne peux pas les rassurer tant que les experts ne se sont pas prononcés» sur la fiabilité de l'étude. «Je ne veux pas minimiser, je ne veux pas dramatiser. Je pense qu'il faut avoir l'heure juste. Ce qu'on sait actuellement, c'est qu'il y a des possibilités qu'il y ait des patientes qui n'aient pas eu les bons traitements et des patientes qui auraient dû avoir certains traitements. Mais personne ne peut le dire à cette heure-ci parce qu'on n'a pas validé l'étude.»

Selon lui, cette vérification est faite «par rigueur intellectuelle». «Je prends ça au sérieux, j'ai des préoccupations. Je veux m'assurer qu'on ait les meilleures informations possible. Quand ça touche des milliers de patients, il faut être sûr que l'étude sur laquelle on se base est fiable. C'est une règle de prudence, avant de procéder plus en profondeur», a-t-il expliqué.

Yves Bolduc veut «connaître la méthodologie» et vérifier «la rigueur et l'indépendance» de l'étude. Celle-ci a été financée à hauteur de 60 000$ par la compagnie pharmaceutique Hoffmann-Laroche, qui fabrique le Herceptin, un médicament utilisé dans le traitement du cancer du sein. «C'est sûr qu'on peut se poser la question si ç'a été commandité par une société pharmaceutique qui aurait des intérêts financiers à ce que les tests soient différents. Je vais me fier aux recommandations du Collège des médecins et de l'Institut national de la santé publique. Je veux être sûr qu'on cherche les faits, la vérité, la transparence», a affirmé M. Bolduc.

Programme de contrôle de la qualité

Le ministre dit ne pas avoir entendu parler de l'étude avant la diffusion d'un reportage à Radio-Canada mercredi soir. Le Collège des médecins et l'Institut national de la santé publique ont obtenu le document en après-midi hier, plusieurs heures après que Québec l'eut demandé à l'Association des pathologistes.

Yves Bolduc nie que son ministère ait été informé de possibles mauvais diagnostics dès 2005. «Ce qu'on savait, c'est qu'il y avait des améliorations à apporter au niveau de la pathologie. À ma connaissance, il n'y avait pas de questions de faux diagnostics ou de diagnostics erronés», a-t-il affirmé.

Le ministère de la Santé planche sur un «programme de contrôle de la qualité» dans les laboratoires de pathologie. «C'est un travail de longue haleine parce que c'est des longues réunions, il faut mettre un programme... C'est complexe. Mais je peux vous dire qu'on veut le faire le plus rapidement possible, on considère que c'est un élément important», a indiqué M. Bolduc.

Le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville, se demande pourquoi un programme de contrôle de la qualité dans les laboratoires de pathologie n'a toujours pas été mis en place, alors que l'association présidée par le Dr Louis Gaboury le réclame depuis plusieurs années.

«Les femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein et qui ont reçu un traitement contre le cancer du sein se demandent ce matin si elles ont reçu le bon traitement. Combien de temps devront-elles attendre avant de savoir si elles doivent ou pas passer de nouveaux tests?» s'est-il demandé.