Le docteur Jacques Chaoulli a accusé mercredi en conférence de presse la coroner Catherine Rudel-Tessier d'avoir entaché sa réputation en lui reprochant à tort, selon lui, de ne pas avoir tenté de manoeuvres de réanimation sur le corps de Jean-Jacques Sauvageau.

«Il est clair que, quand on vous attaque et que l'on vous accuse, en plus de manière injustifiée, dans tous les médias, il est clair que ça porte atteinte évidemment à l'image et à la réputation de la personne», a-t-il déclaré.

Jean-Jacques Sauvageau est décédé dans la salle d'attente de la Clinique médicale Viau, le 11 janvier 2008, d'embolies pulmonaires bilatérales massives.

Le docteur Chaoulli, qui avait été appelé au chevet de M. Sauvageau lorsque celui-ci avait cessé de respirer dans la salle d'attente, affirme que ce dernier présentait des signes de mort irréversible, notamment de la rigidité et un relâchement des sphincters, signes rapportés par d'autres témoins. «Il aurait été contraire à l'éthique d'entamer des mesures de réanimation cardiorespiratoire sur un cadavre», a-t-il fait valoir.

Il a rappelé qu'il a l'expertise médicale pour constater un décès et déterminer s'il y a encore espoir de sauver une vie. «Un médecin sur place peut, par sa formation universitaire de médecin, faire un constat de décès (...) La position de la coroner conduirait les médecins à ne pas utiliser leurs connaissances médicales pour décider si, oui ou non, il y a une mort certaine.»

Malgré tout, le docteur Chaoulli n'entend pas intenter de procédures judiciaires contre la coroner Rudel-Tessier, affirmant vouloir apporter sa contribution pour éviter la répétition de tels événements. Ainsi, il estime que toutes les cliniques sans rendez-vous devraient avoir une infirmière dédiée au triage.

Il fait toutefois valoir que la Clinique Viau, dont il n'est pas actionnaire et qui n'est pas une clinique privée, n'est pas à blâmer. «Est-ce que c'était une faute de ne pas avoir une infirmière de triage? La réponse est non, parce qu'il n'y avait pas d'obligation légale pour une telle clinique d'avoir une infirmière de triage.»

Il ajoute que, même s'il y en avait eu une, la vie de M. Sauvageau n'aurait pu être sauvée étant donné la gravité de son état. En contrepartie, celui-ci aurait pu mourir dignement, selon le médecin.

À ce chapitre, il reconnaît en rétrospective qu'il a eu tort de laisser les patients avec le corps dans la salle d'attente. «Ce que j'aurais fait différemment, c'est que dès que j'aurais constaté le décès, j'aurais demandé à tous les patients dans la salle d'attente de sortir, de se mettre à l'écart, de manière à isoler la scène. Mais vous savez, c'est toujours facile à dire après, mais c'est une leçon que j'ai bien retenue», a-t-il admis.

Le docteur Chaoulli, qui s'est rendu célèbre en se battant jusqu'en Cour suprême du Canada avec succès pour ouvrir une brèche au privé dans le réseau de la santé, s'est montré prudent lorsqu'on lui a demandé s'il avait été visé à cause de sa lutte pour la médecine privée. «Je crois c'est une question qui est très légitime et je vous laisse le soin d'y répondre, en relation avec ce que je représente comme médecin au Québec et au Canada, pour les actions que j'ai entreprises, pour les orientations que j'ai souhaité donner à l'avenir de notre système de santé», s'est-il contenté de répondre.

Il s'est par ailleurs dit profondément affecté et troublé par le décès de M. Sauvageau et a de nouveau fait part de ses condoléances à sa famille.