(Montréal) Lorsque Jonathan Fortin s’est réveillé vendredi matin, il a constaté que son troupeau de bovins de la race « Black Angus » avait disparu du pré.

M. Fortin, copropriétaire de la Ferme ForThé, à Cookshire-Eaton, dans les Cantons-de-l’Est, a déclaré qu’il avait d’abord cru que ses veaux et ses vaches avaient peut-être pris le large. Mais la présence de traces de pneus et d’une clôture qui semblait avoir été démontée l’a amené à conclure que quelque chose de plus sinistre s’était produit.

Il a indiqué lundi en entrevue que tout son troupeau, soit près de 75 bêtes, avait été volé.

Le porte-parole de la Sûreté du Québec Louis-Philippe Ruel a annoncé que la SQ avait ouvert une enquête criminelle après être arrivée vendredi à la ferme de M. Fortin et constaté que le bétail avait « disparu ».

M. Ruel n’a pas précisé comment la police envisageait de retracer le troupeau, mais il a souligné que les voleurs avaient besoin d’un moyen de transport et d’un endroit pour dissimuler le bétail.

« Vous ne pouvez pas déplacer autant de bêtes dans une Honda Civic ou une Toyota Corolla », a-t-il souligné dans un entretien téléphonique.

200 000 $ de pertes non assurées

M. Fortin estime que son bétail a été enlevé entre 18 heures et 21 heures 30 jeudi soir, alors qu’il était parti occuper son deuxième emploi.

Le producteur a déclaré que des voisins avaient rapporté plus tard avoir vu des lumières de remorque et entendu une agitation dans son champ. Mais les voisins croyaient alors que des acheteurs étaient venus chercher du bétail.

L’agriculteur a affirmé que la perte d’environ 200 000 $ de bétail représente une bonne partie de ses économies et de quatre années de dur labeur pour développer sa ferme.

« Il y a beaucoup d’émotions, car même si c’est une nouvelle entreprise, cela représente tout le travail et les économies d’une vie, a-t-il expliqué lundi. Pour avoir un troupeau de cette taille, il a fallu beaucoup de sacrifices – ça signifie parfois avoir deux emplois, par exemple. »

M. Fortin souligne qu’il n’est pas facile de charger des dizaines de bovins dans des remorques, mais pas impossible pour quelqu’un qui a de l’expérience. Il a aussi déclaré que l’étiquette portée par les animaux à l’oreille peut être retirée.

Bien qu’il ait déjà entendu parler de bêtes volées, le producteur n’a jamais cru que tout son troupeau pourrait être enlevé d’un seul coup. Il souligne que des gens peuvent parfois voler un veau afin de les élever pour leur viande, mais pas tout un troupeau.

M. Fortin espère toujours que la police pourra retrouver son bétail, qui n’était pas assuré contre le vol. Sinon, il devra reconstituer son troupeau deux ou trois animaux à la fois, tout en reportant aux calendes grecques son projet d’abandonner son deuxième emploi afin de se consacrer à l’agriculture à temps plein.

« C’est sûr que c’est très difficile physiquement, et encore plus moralement, car on repart à zéro. »