Des résidants du Canton de Potton, en Estrie, ont lancé une pétition demandant à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, d’enquêter sur leur hausse de taxes pour l’année 2023, qui frise les 28 % dans l’un des secteurs de la municipalité.

« Nous sommes pris au piège et nous avons besoin de votre intervention pour examiner et redresser la situation », lit-on dans la pétition lancée mardi par un regroupement de résidants.

« La grogne se manifeste un peu partout, on a regardé ce qu’on peut faire », a expliqué l’un des premiers signataires, Michel Trudel, qui a été candidat à un poste de conseiller municipal aux élections de 2021. « On pense être capables d’avoir plusieurs centaines de noms. »

La hausse diffère selon les secteurs, soit 27,82 % pour le « village », 25,05 % en « campagne » et 22,66 % à « Owl’s Head ». Pour une résidence évaluée à 300 000 $ dans le secteur du village, cela représente une augmentation de près de 575 $ sur une facture de 2636,90 $.

Un phénomène « préoccupant »

Les hausses de taxes annoncées dans les derniers mois ont suscité de vives réactions dans bon nombre de municipalités du Québec.

À Sutton, une pétition en ligne réclame une révision du budget pour contrer l’augmentation prévue, qui va de 11,9 % à 14,7 % selon les secteurs.

À Saint-Paulin, en Mauricie, le conseil municipal a retardé les dates des paiements devant la grogne des citoyens.

Dans plusieurs municipalités, dont Mirabel, Otterburn Park et Stanstead, les hausses moyennes dépassent les 10 %, signale une recension du Journal de Montréal.

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La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest

« Comme ministre des Affaires municipales et même comme citoyenne, des hausses de plus de 20 %, je trouve que c’est préoccupant », a commenté la ministre Laforest par courriel.

Comme tout le monde, dans un contexte inflationniste, les municipalités doivent mieux planifier leurs dépenses.

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest

Cependant, « il faut toujours analyser les causes », note la ministre en évoquant les infrastructures, le contexte économique, les services et les gels de taxes antérieurs.

C’est aux conseils municipaux « élus et imputables » de « défendre leur budget vis-à-vis leur population », juge Mme Laforest.

En quête d’une enquête

La pétition lancée à Potton demande à la ministre Laforest « d’ordonner une enquête ou un audit » sur la manière dont la municipalité finance certains projets d’immobilisation.

« On est une municipalité, on est ‟audité” chaque année ! », a réagi le maire, Bruno Côté.

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Le maire de Potton, Bruno Côté

Les pétitionnaires reprochent à l’administration municipale des « pratiques financières » qui « gonflent les excédents afin de pouvoir en disposer à sa guise ».

Ces excédents découlent de la sous-estimation des droits de mutation pour les années pandémiques 2021 et 2022, qui ont enflammé le marché immobilier, réplique M. Côté.

Le budget de Potton a augmenté de 18 % cette année, atteignant près de 10,2 millions de dollars pour près de 2000 habitants.

L’augmentation de la masse salariale, les exigences du schéma de couverture de risques en incendies, la numérisation des dossiers du service d’urbanisme et les investissements requis dans les quais municipaux ont contribué à la hausse.

Les revenus de taxation, qui étaient auparavant relativement stables, sont pourtant au rendez-vous depuis trois ans, avec des bonds de 12 % en 2021, 13 % en 2022 et 31 % en 2023.

« On connaît tous des villages qui ont du mal à amener du nouveau monde, il est temps qu’on investisse dans la communauté pour garder ça attrayant », a fait valoir M. Côté.

La pétition qui réclame l’intervention de la ministre est « purement politique », estime le maire de Potton.