Deux commissions scolaires de Québec ont annoncé vendredi avoir l'intention de donner congé à leurs enseignantes enceintes cet automne, par mesure de prévention contre la grippe A (H1N1).

Au moins un médecin estime prématurée cette décision des commissions scolaires de la Capitale et des Premières-Seigneuries.

Ces annonces surviennent à la suite du décès d'une femme de 23 ans, qui avait contracté la grippe A (H1N1) quelques semaines avant d'accoucher d'un garçon.

Fatiha Idrissi Kaitouni est décédée vendredi matin à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal. Son état s'était continuellement détérioré depuis l'accouchement. Le bébé, Yassine, est né par césarienne en juin.

Une porte-parole du ministère québécois de la Santé, Dominique Breton, a affirmé que la femme de 23 ans avait développé des problèmes cardiopulmonaires et une pneumonie des suites de la contraction du virus.

Selon son mari, Mohamed Hassani Idrissi, la jeune femme souffrait d'importants problèmes respiratoires qui s'étaient manifestés avant l'accouchement et avait perdu beaucoup de sang.

L'épidémiologiste de l'Institut national de santé publique du Québec, Gaston De Serres, a fait valoir que ces cas étaient rares. Il a précisé que bien que les femmes enceintes ne courent pas plus de risques de contracter le virus, elles sont plus à risque pour ce qui est des complications.

Le directeur de la protection de la santé publique, le docteur Horacio Arruda, a expliqué que les femmes enceintes sont plus susceptibles de développer des symptômes pulmonaires préoccupants pour la santé de la mère et de l'enfant.

M. Arruda a noté que Fatiha Idrissi Kaitouni est la deuxième femme enceinte à succomber au virus de la grippe A (H1N1) au Québec sur les 24 Québécoises hospitalisées depuis l'éclosion de la maladie.

Le docteur Arruda conseille donc aux femmes enceintes qui présentent des symptômes de la grippe de consulter un médecin rapidement.

M. De Serres estime par ailleurs que l'état actuel de l'éclosion de grippe A (H1N1) au Québec ne prescrit pas la mesure prise par les deux commissions scolaires.

«Le nombre de décès attribuables au H1N1 au Canada est encore relativement limité», a-t-il fait valoir.

M. De Serres reconnaît tout de même que la classe est un environnement plus risqué.

«Si une femme est enceinte et me demande si elle devrait aller dans un environnement où il y a beaucoup de transmissions de virus, la réponse est assez évidente», a laissé tomber le médecin.

Cela dit, M. De Serres met en garde les autorités contre toute décision qui serait disproportionnée par rapport aux risques véritables.

Les directions des deux commissions scolaires n'ont pu être jointes pour commenter.