Le premier ministre Jean Charest a annoncé qu'il a commencé à convoquer ses homologues provinciaux pour une rencontre spéciale au sujet de l'économie.

La date de cette rencontre n'a pas été précisée mais elle se tiendra après les élections fédérales, a indiqué M. Charest lors d'une conférence de presse.

«J'ai l'intention de tenir une réunion du Conseil de la fédération pour que nous puissions ensemble faire un constat de la situation et que nous puissions également écouter et prendre acte de l'évolution de la situation économique et déterminer s'il y a des actions communes qui doivent se poser», a-t-il déclaré.

M. Charest a amorcé mercredi une ronde de convocations durant laquelle il a notamment parlé aux premiers ministres de la Nouvelle-Ecosse, de Terre-Neuve, du Manitoba, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest.

Il a cependant précisé que son initiative n'était pas reliée aux résultats de l'élection fédérale.

Par ailleurs, M. Charest a indiqué que des comités vont informer le gouvernement du Québec de l'évolution de la crise sans précédent qui secoue les marchés financiers.

Trois instances, dont une nouvelle, seront mobilisées afin que le gouvernement dispose de toutes les informations relatives aux effets du resserrement du crédit pour les épargnants, les entreprises et le marché du travail, a indiqué M. Charest.

D'ici la fin octobre, le gouvernement fera le point de la situation économique à l'occasion de sa mise à jour automnale, qui sera un peu plus importante à cause du contexte actuel.

M. Charest a insisté sur le fait que la situation, au Québec et au Canada, était différente de celle qui frappe les Etats-Unis, où plusieurs géants du secteur financier se sont effondrés, ces derniers jours, entraînant dans leur sillage les cours boursiers internationaux.

«Ce n'est pas du tout la même situation chez nous au Québec et au Canada que ce que vivent les Américains ou même en Europe, a-t-il dit. Même que dans une certaine mesure on est l'exception à la règle.»

Il a notamment expliqué que les banques canadiennes disposent actuellement de liquidités suffisantes.

M. Charest a toutefois affirmé qu'étant donné l'ouverture du Québec aux marchés internationaux, il était inévitable que les turbulences actuelles aient un effet sur l'économie de la province.

«Nous avons une des économies les plus ouvertes au monde, a-t-il dit. Un ralentissement économique aux Etats-Unis, ça l'a un impact sur notre économie.»

Les initiatives de M. Charest surviennent alors que les partis de l'opposition, à Québec, exigent depuis quelques jours que le premier ministre reconnaisse que l'économie québécoise est exposée aux effets de la crise financière internationale.

Il doit d'ailleurs discuter d'un éventuel plan jeudi avec la chef péquiste Pauline Marois et le chef adéquiste Mario Dumont, lors de rencontres distinctes.

Le premier ministre a aussi indiqué que les parlementaires débattraient de la situation économique dès la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, la semaine prochaine, comme l'avait suggéré Mme Marois.

Plus tôt dans la journée, la chef péquiste Pauline Marois avait réclamé que le premier ministre Charest dévoile ses propositions pour faire face à la crise.

Selon elle, le gouvernement libéral a mal préparé le Québec en prévision de ce ralentissement économique et il se retrouve dans un cul-de-sac, parce qu'il n'a plus de marge de manoeuvre financière.

Elle a demandé au premier ministre de donner l'heure juste sur la situation des finances publiques et de présenter un plan d'intervention.

Puis, alors que M. Charest laisse planer la possibilité d'élections dès cet automne, le Parti québécois l'a enjoint de plutôt s'attaquer à la crise financière qui sévit.

Même si elle se dit prête pour une campagne hâtive, Pauline Marois a affirmé que les Québécois sont davantage préoccupés par l'effondrement des marchés boursiers.

«Les gens sont très inquiets pour leur emploi, leurs revenus et ils ne me parlent pas vraiment d'élections, très sincèrement», a-t-elle commenté.

Lors de sa conférence de presse, M. Charest a reconnu que les finances publiques laissent peu de marge de manoeuvre pour contrer l'effet que pourrait éventuellement ressentir le Québec.

«Les finances publiques au Québec, c'est serré depuis déjà un bon moment», a-t-il dit.