Le sentiment de sécurité de la population vivant dans la province de Kandahar s'est détérioré au cours des derniers mois, a admis mercredi le brigadier-général Denis Thompson, qui s'apprête à quitter le commandement des troupes canadiennes en Afghanistan après neuf mois de travail.

Des sondages menés par les Forces armées canadiennes auprès des Afghans mènent à croire que le sentiment de sécurité de la population a été affecté par les campagnes de terreur qui ont cours dans plusieurs régions rurales entourant Kandahar.

«Il n'est pas surprenant que les neuf derniers mois n'aient pas été suffisants pour gagner la guerre», a affirmé le brigadier-général Thompson, mercredi, devant les journalistes à l'aérodrome de Kandahar, lorsqu'il a entamé son discours d'adieux.

En définitive, ce sont les Afghans qui devront gagner la guerre, a-t-il ajouté, louangeant au passage le courage et la ténacité de ses propres troupes.

Mais le commandant sortant des troupes canadiennes en Afghanistan a aussi évoqué une série d'attaques qui ont miné non seulement l'autorité du gouvernement du président Hamid Karzaï, mais aussi la crédibilité de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) dans son effort à sécuriser le pays et à reconstruire la région.

Au cours des neuf derniers mois, les talibans ont attaqué la prison de Sarpoza et sont parvenus à libérer 900 prisonniers. Ils s'en sont aussi pris au quartier général de la Police nationale afghane à Kandahar, tuant huit agents. En mai dernier, les soldats canadiens ont dû composer avec un kamikaze âgé de seulement 12 ans. Et à l'automne, 15 étudiantes ont reçu de l'acide en plein visage.

«Les Afghans sont frustrés par le manque de progrès de la part de leur propre gouvernement et de la communauté internationale, cela est vrai, a admis le brigadier-général Thompson. Mais ils sont encore plus terrifiés par les atrocités commises quotidiennement par les insurgés.»

Au cours des 18 derniers mois, les forces canadiennes ont mené plusieurs sondages auprès des résidents de la ville de Kandahar, leur demandant d'établir leur niveau d'appui à l'endroit du gouvernement et des talibans, et de décrire leur perception de la sécurité publique.

Lors des sondages effectués à la fin de 2007 et au début de 2008, 55 pour cent des répondants avaient affirmé vivre dans un environnement sécuritaire. Mais selon le brigadier-général Thompson, ce chiffre s'établit maintenant à environ 25 pour cent.

Les taux d'appui envers le gouvernement du président Karzaï et les talibans sont demeurés stables, a-t-il ajouté. Environ 70 pour cent des personnes interrogées ont affirmé appuyer le gouvernement. Pour leur part, les talibans ont obtenu un taux d'appui d'entre 15 et 20 pour cent.

Denis Thompson commande les Forces armées canadiennes en Afghanistan depuis mai dernier. Il avait alors remplacé le brigadier-général Guy Laroche.