La Fédération québécoise des municipalités réclame un plan de sauvetage d'urgence pour l'industrie du fromage, toujours aux prises avec les contrecoups de la crise de la listériose.

En s'adressant à ses membres réunis en congrès à Québec, jeudi, le président Bernard Généreux a transmis un message ferme au premier ministre Jean Charest, l'enjoignant de bouger rapidement pour relancer ce secteur agroalimentaire d'importance pour le milieu rural.Il s'est montré très critique à l'endroit du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qui a mené une opération musclée en forçant des fromagers à détruire leur stock pour éviter les risques de contamination croisée.

«Tout à coup, il y a eu cette panique de la listériose où au nom de la santé publique tous azimut, on a mis dans l'eau de javel une partie de notre fierté», a-t-il dénoncé.

«Il faut se ressaisir», a ajouté M. Généreux, selon qui la présentation d'un plan d'urgence est une responsabilité d'Etat.

«Serrons-nous les coudes afin d'éviter que cette crise entraîne dans sa tourmente la fin d'une aventure extraordinaire», a-t-il encore plaidé avec insistance.

Après le discours de M. Généreux, le premier ministre Charest n'a pas fermé la porte à une intervention gouvernementale, mais s'est surtout attardé à défendre le coup de force du MAPAQ.

«Il y a eu des vies de perdues. Il faut revenir aux vraies choses, là, et quand on est responsable et qu'on est au gouvernement, c'est la santé et la sécurité du public qui passent en premier», a-t-il répliqué sèchement.

Alors que le ministre de l'Agriculture, Laurent Lessard, a récemment précisé qu'il étudiait des moyens de venir en aide à l'industrie, le premier ministre s'est montré plus évasif, affirmant d'abord qu'il était «très sensible à ce qui se passe» puis ajoutant qu'il «va regarder ça».

La FQM a effectué sa sortie publique au moment où un premier acteur de l'industrie a fait parvenir une mise en demeure au MAPAQ.

Max Dubois, propriétaire de «L'échoppe des fromages» à Saint-Lambert, demande un dédommagement de 46 000 $ après avoir été forcé de détruire une partie de sa production le 6 septembre dernier.

Il qualifie la démarche du ministère d'abusive, imprudente et illégitime.

Municipalités dévitalisées

Par ailleurs, la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, a profité des assises annuelles de la FQM pour expliquer la répartition d'une enveloppe de 50 millions $ accordée aux municipalités les plus pauvres du Québec.

Lors de la tenue du forum de la FQM sur la dévitalisation en novembre dernier, elle avait promis le dépôt d'un plan en février, qui a tardé à être présenté.

Mme Normandeau a admis qu'elle avait alors sous-estimé l'ampleur de la tâche, ajoutant qu'elle avait aussi dû «gérer les attentes» des maires des 152 municipalités concernées.

Elle a entre autres précisé que les projets d'infrastructures soumis par ces municipalités seront traités en priorité, afin de favoriser leur relance socioéconomique.

Mme Normandeau a aussi confirmé l'ajout d'une somme de 59 millions $ pour les pactes ruraux avec les Municipalités régionales de comté.

Puis, elle a annoncé l'injection de 4 millions $ supplémentaires dans un programme totalisant 24 millions $ sur cinq ans visant à brancher plus de municipalités du Québec à Internet haute vitesse.

«Il y a encore 300 municipalités qui ont un accès partiel ou qui n'ont pas accès aux services Internet haute vitesse et pour nous, c'est vraiment une situation qui est inacceptable, qui fait en sorte qu'on se retrouve avec des citoyens de seconde zone», a-t-elle commenté.

M. Généreux, qui avait critiqué cette semaine la lenteur avec laquelle le gouvernement traite le dossier de la décentralisation, a accueilli favorablement les mesures annoncées par la ministre.