Des neuf suspects arrêtés mardi soir lors d'un affrontement avec les policiers à Montréal-Nord, un seul restera derrière les barreaux encore quelques jours. Six autres individus ont été libérés ce matin, en échange d'une promesse de ne pas mettre les pieds dans l'arrondissement du nord de la ville.

Jacques Robert Pierre, âgé de 23 ans, devra attendre jusqu'au 22 juin, date fixée pour son enquête sous caution, pour savoir s'il peut recouvrer la liberté. Il est accusé d'avoir proféré des menaces de mort avec une arme à l'endroit d'un policier du SPVM. Il est également accusé de s'être livré à des voies de fait armées à l'égard de deux autres policiers lors de l'échauffourée qui s'est déroulée mardi, vers 22h15, au parc Carignan.

L'affrontement entre les policiers et une cinquantaine d'individus est survenu après que deux citoyens eurent appelé la police pour l'avertir qu'une bagarre était imminente dans le parc Carignan. À leur arrivée, les policiers sont restés en retrait, mais ont décidé de disperser la foule après avoir reçu une pluie de projectiles. Ils ont finalement arrêté neuf récalcitrants, dont deux ont été libérés mercredi matin.

Les policiers reprochent plus particulièrement à Jacques Robert Pierre d'avoir lancé un morceau d'asphalte en leur direction. Aucun agent n'a été blessé par le projectile de l'accusé, mais la Couronne a démontré devant le juge Jean B. Falardeau qu'il est proche des gangs de rue.

Selon le sergent-détective Éric Bourgeault, qui est venu témoigner hier devant le juge, Jacques Robert Pierre a par le passé été interpellé à plusieurs reprises par les policiers à Montréal-Nord et dans des bars du boulevard Saint-Laurent en présence de membres du «noyau dur» des Bo-Gars (Rouges).

La Couronne s'opposait également à la mise en liberté de Modler Demosthene, âgé de 20 ans, qui a été arrêté avec son frère jumeau Woodler Demosthene mardi soir au parc Carignan. Les deux jeunes hommes, qui habitent chez leurs parents, à Terrebonne, ont été accusés de tapage et de voies de fait contre un policier dans l'intention de résister à leur arrestation. Le sergent-détective Bourgeault a affirmé devant le juge que Modler Demosthene a participé par le passé à un «crime de gang» en lançant, à la demande du chef des Rouges, Philistin Paul, une brique dans la vitrine d'un café italien.

On se souviendra qu'en juillet dernier, Philistin Paul avait été atteint de plusieurs projectiles lors d'une fusillade survenue au bar Le Ritz, situé boulevard Lacordaire. Selon ce qu'avait alors révélé La Presse, la tête de Philistin Paul avait été mise à prix après une série de vols contre des clients dans un bar italien.

Malgré les liens faits par les policiers entre Modler Demosthene et le gang des Bo-Gars, le juge Falardeau a néanmoins accepté de remettre l'accusé en liberté, en échange d'une caution de 1000$ fournie par ses parents.

À l'instar de son frère Woodler et de quatre autres coaccusés, Modler Demosthene s'est aussi engagé à ne pas mettre les pieds dans l'arrondissement de Montréal-Nord et à ne pas entrer en contact avec ses coaccusés d'ici la fin de son procès. Un des accusés, Julien Noberson Alceus, qui habite Montréal-Nord, s'est quant à lui vu interdire de se trouver à l'intérieur du quadrilatère composé des boulevards Léger au nord, Lacordaire à l'ouest, Henri-Bourassa au sud, Langelier à l'est.