Pour sa première conférence de presse à titre de premier ministre assermenté, hier, François Legault a détaillé les priorités pour son début de mandat. Comme promis en campagne électorale, la question du port de signes religieux chez les fonctionnaires en position d'autorité sera réglée « rapidement ». M. Legault va également voir ce qu'il est « capable de faire avant Noël » afin de baisser le fardeau fiscal des Québécois. Bilan.

Un cadeau fiscal pour Noël

Les 100 premiers jours d'un gouvernement sont importants pour marquer le pas. À ce titre, le premier ministre François Legault s'est montré prudent, hier, en rappelant que plusieurs engagements (comme la prématernelle 4 ans) prendraient des années à se déployer entièrement. « Pour l'instant, [la priorité] c'est d'abord de remettre de l'argent [aux Québécois] [...]. J'ai mandaté le ministre des Finances pour regarder ce qu'on est capables de faire avant Noël. Je suis confiant qu'on sera capables de faire des annonces d'ici là », a-t-il dit hier dans le hall principal de l'édifice Honoré-Mercier, à l'Assemblée nationale. Pour déployer son programme législatif et les nombreux projets qu'il a promis en campagne électorale, le gouvernement caquiste appellera la Chambre à siéger dès le 27 novembre.

La laïcité, un dossier réglé « rapidement »

François Legault souhaite régler « rapidement » le dossier de la laïcité en interdisant le port des signes religieux chez les fonctionnaires en position d'autorité et les enseignants. Or, la route menant à l'adoption de cette politique s'annonce déjà sinueuse. En entrevue à la CBC, Charles Taylor - le célèbre philosophe qui a cosigné en 2008 avec Gérard Bouchard un rapport ouvrant la voie (en partie) à cette position - a critiqué le plan de la Coalition avenir Québec (CAQ) comme étant « ignorant ou intellectuellement malhonnête ». « La CAQ utilise le rapport pour faire des choses que ce même rapport condamne. C'est une opération très malhonnête », a dit M. Taylor à la télévision publique. « Je ne réfère pas au rapport Bouchard-Taylor parce que nous l'avons changé. Nous proposons [contrairement aux deux chercheurs] d'ajouter les enseignants du primaire et du secondaire » aux employés à qui il sera interdit de porter des signes religieux, a pour sa part rétorqué M. Legault. Sur la délicate question de la laïcité, le premier ministre se dit toutefois ouvert à chercher un « consensus ». Pourrait-il ainsi soustraire l'interdiction de porter un signe religieux aux enseignants, si des partis de l'opposition le réclamaient ? « Il est trop tôt pour répondre à cette question-là, mais moi, je n'ai pas changé d'idée. [...] On va consulter, on va voir s'il y a des consensus qu'on est capables de dégager », a répondu M. Legault.

Réforme du programme d'aide aux sinistrés

Insatisfait de la manière dont Québec a appuyé les sinistrés de la tornade de Gatineau, François Legault a promis hier une réforme du programme d'aide aux victimes de catastrophes naturelles. Vingt-quatre heures après sa prestation de serment, le premier ministre s'est rendu à Gatineau pour visiter les lieux de la tornade qui a ravagé le quartier Mont-Bleu le mois dernier. « Je ne suis pas satisfait de la façon dont on a travaillé jusqu'à présent », a-t-il déclaré sans détour, au lendemain de la première réunion de son cabinet. M. Legault a mandaté sa ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, de préparer un nouveau programme d'aide aux victimes de sinistre. L'objectif sera d'accélérer le traitement des demandes et d'être plus souple à l'égard des sinistrés. « Quand on a perdu 50 000 $ de nos biens et que c'est à peu près tout ce qu'on possède, les gens ont une seule question : quel pourcentage on va me rembourser ? a expliqué le premier ministre. Même si le chèque n'arrive pas demain matin, au moins si le gouvernement s'engage à rembourser un certain pourcentage, ça peut rassurer et ça peut enlever du stress. »

Environnement : le fonds vert dans la ligne de mire

François Legault en a surpris plusieurs dans son discours de jeudi en affirmant sa « sincère préoccupation » pour la crise climatique. Le premier ministre a reconnu hier qu'il « n'a pas assez parlé » d'environnement pendant la campagne électorale et il a promis que son gouvernement s'activera à réduire les émissions québécoises de gaz à effet de serre (GES). La manière précise reste à déterminer, mais M. Legault a laissé entrevoir au moins une réforme, celle du Fonds vert qui accumule les recettes du marché du carbone et qui est « mal géré ». « Actuellement, ce ne sont pas les projets qui, pour chaque dollar, donnent les meilleurs résultats qui sont choisis, a-t-il dit. Il y a plusieurs ministères qui pigent dans ce fonds de 4 milliards et moi, je veux resserrer la gestion pour qu'on s'assure d'optimiser l'utilisation de ce Fonds vert pour des projets qui vont permettre de réduire les GES le plus possible », a-t-il dit hier.

PHOTO FRED CHARTRAND, LA PRESSE CANADIENNE

Vingt-quatre heures après sa prestation de serment, François Legault s'est rendu à Gatineau pour visiter les lieux de la tornade qui a ravagé le quartier Mont-Bleu le mois dernier.