Certains propriétaires d'armes à feu se méfient tellement du gouvernement qu'ils vont boycotter le registre québécois des armes d'épaule, a prévenu mardi un groupe qui s'oppose au projet de loi 64.

Dans un mémoire présenté en commission parlementaire, le groupe Tous contre un registre québécois des armes prévient que Québec risque de placer plusieurs chasseurs « en position de rupture face aux autorités ». Certains craignent des taxes imprévues ou des confiscations arbitraires, si bien qu'ils préfèrent courir le risque d'être mis à l'amende plutôt que d'immatriculer leurs armes.

La porte-parole du groupe, Jessie McNicoll, affirme que plusieurs membres ont indiqué qu'ils ne se plieront pas à l'obligation d'immatriculer leurs armes si le projet de loi est adopté.

« Les gens ont peur, s'ils traversent une période difficile et qu'ils demandent de l'aide, que leurs armes soient saisies », a-t-elle résumé.

D'autres craignent que le gouvernement impose ultérieurement des droits ou des taxes sur les armes d'épaule une fois le registre constitué.

Tous contre un registre québécois des armes n'encourage pas ses membres à défier la loi, assure son vice-président, Guy Morin, qui compte lui-même enregistrer toutes ses armes, même s'il est en désaccord avec les dispositions du projet de loi 64.

« Personnellement, je vais les enregistrer, mais je ne peux pas agir pour tout le monde, a indiqué M. Morin. Jamais on ne va aller dire aux gens qui nous suivent de ne pas enregistrer. »

Selon lui, le refus de certains propriétaires d'immatriculer leurs armes fait en sorte que le registre québécois sera incomplet et deviendra un « fiasco » financier, comme l'a été le registre fédéral.

L'organisme Tous contre un registre des armes mène une campagne active sur les réseaux sociaux depuis le début de l'année. Il a notamment encouragé la signature d'une pétition pour demander au gouvernement Couillard de renoncer au projet.

Dans son mémoire, il soutient que le but réel du registre n'est pas de renforcer la sécurité publique, mais bien de chercher « des façons détournées de désarmer la population civile ».

« ANARCHISTE », SELON COITEUX

La sortie de l'organisme, qui mène une campagne active sur les réseaux sociaux contre le projet de loi, a été accueillie avec étonnement par le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, qui s'explique mal la méfiance de certains propriétaires face à l'État.

« En tout respect, je trouve que ça fait un peu anarchiste comme position, a-t-il dit. Nous, ici, on est plus dans le domaine des lois qui encadrent la vie en société dans une société démocratique. »