La pénurie de logements dans le Nunavik s'est transformée en crise sociale digne du tiers monde, dénonce Alexandre Cloutier. «Comment voulez-vous élever une famille de 15 personnes dans un 4 et demi ?», lance le ministre des Affaires intergouvernementales.

Il somme Ottawa de «remplir ses obligations» et y construire des logements. Il a formulé cette demande en conférence de presse en compagnie de collègues péquistes, du maire de Kuujjuaq et du président de la Société Makivik.

Adopter ce ton aide-t-il à faire avancer le dossier? «Je pense que oui», répond Jobie Tukkiapik de la Société Makivik. 

Car il croit avoir épuisé toutes ses cartes. Les rapports ne manquent pas. La Commission des droits de la personne avait dénoncé en 2007 l'impact sur la santé physique et mentale des jeunes. Le tiers d'entre eux tombent dans les bras de la Direction de la protection de la jeunesse. Plus tôt cet automne, un rapporteur spécial des Nations Unies avait aussi sonné l'alarme.

En vertu de la Convention de la Baie James, Ottawa doit payer pour la construction des logements, et Québec paye pour l'entretien et le déficit d'exploitation. Or, dans les années 90, le fédéral a cessé de financier au nom du déficit zéro. Des ententes quinquennales ont recommencé à être signées à partir de 2000. De 2010 à 2015, Ottawa construira 227 logements, à un coût annuel de 12,5 millions de dollars. Mais cela ne permet pas de rattraper le retard. Il manque encore environ 900 logements.

Pour régler le problème, le gouvernement péquiste a donc exceptionnellement annoncé 80 millions de dollars pour construire 300 logements. M. Cloutier réclame une aide égale d'Ottawa. «Mais ils ne retournent même pas nos appels», déplore-t-il. Une médiatrice engagée dans le dossier a d'ailleurs accusé le gouvernement Harper de «mauvaise foi». 

L'aide est d'autant plus importante, plaide M. Cloutier, que la construction de logements coûte plus cher au Nunavik. Les 14 villages ne sont même pas reliés par des routes. Le transport se fait par bateau.  

Pendant ce temps, les problèmes de toxicomanie, de violence et de santé publique s'y aggravent. Même la tuberculose y réapparaît. Dans l'ensemble du Québec, la maladie touche trois personnes sur 100 000. Au Nunavik, le taux avait diminué entre les années 80 et 2000. Il était passé de 166 à 35 personnes par 100 000. Il est maintenant de 320 personnes sur 100 000.