Il y a des «probabilités» que les députés de l'Action démocratique du Québec ne soient pas reconnus comme représentants d'un nouveau parti à l'Assemblée nationale, souligne Mario Dumont, ancien chef du parti qui compte se fusionner à la Coalition avenir Québec.

«Ils évaluent leurs chances d'être reconnus comme groupe parlementaire à moins d'une sur deux... Ils pensent qu'il y a des probabilités qu'ils ne soient pas reconnus comme groupe parlementaire, auquel cas tout le monde [le personnel politique] perd son travail... Gérard Deltell a ces choses-là à coeur», observe Dumont, jamais bien loin de Deltell dans ses discussions avec François Legault.

À la CAQ, une source confirme qu'on a discuté en détail avec l'ADQ de l'éventualité que l'Assemblée nationale refuse de reconnaître le nouveau groupe comme parti - personne ne s'est fait élire sous la bannière de la CAQ. Avant les élections de 2008, on avait fixé à 12 députés ou 20% des suffrages le seuil nécessaire à la reconnaissance d'une formation en Chambre. En 2008, l'ADQ a fait élire 7 députés et obtenu 16,4% des voix. Le président de l'Assemblée nationale a alors permis une exception, définie comme «critères de reconnaissance des députés de l'ADQ comme groupe parlementaire». La perte du statut fait perdre des sommes importantes pour la masse salariale et les budgets de recherche. François Legault s'est engagé à ce que les six à huit attachés politiques qui perdraient leur poste soient employés par le parti, une injection de 200 000$ - la CAQ aura en revanche accès aux redevances du DGE, de 700 000$ par année.

Par contre, Gérard Deltell perdrait son allocation de 29 886$ à titre de chef de parti reconnu par l'Assemblée. Pour la leader parlementaire Sylvie Roy, la perte serait de 21 341$.

Unir les forces de changement

Sans états d'âme, Mario Dumont voit d'un oeil étonnamment sympathique la fusion du parti qu'il a fondé, l'ADQ, avec la CAQ de François Legault.

«Des forces de changement, au Québec, on en retrouve si peu. Quand on retranche ceux qui ne peuvent pas parler parce qu'ils dépendent du gouvernement, si on divise en deux le groupe qui reste, on n'arrive à rien!», observe M. Dumont. Les deux groupes «n'avaient pas le choix de se réunir».

«Cette coalition joue de prudence, mais cela reste la nouvelle force de changement qui tire un peu à droite... On verra comment cela va se jouer. À la place de François Legault, qui n'a pas eu beaucoup d'annonces de candidats jusqu'ici, je considérerais comme très précieux l'apport des Gérard Deltell, François Bonnardel et Sylvie Roy. Ce sont les seuls qui ont vu Charest en pleine face...», observe-t-il.

Selon lui, l'ADQ a obtenu suffisamment, «plus que prévu», même si François Legault ne s'est pas engagé formellement à répondre aux exigences de Gérard Deltell hier.

Il n'éprouve aucune tristesse devant la disparition de son parti. «Je suis complètement décroché de ces choses-là, souligne-t-il. Si une chose m'attriste, c'est de voir que des problèmes que j'avais soulevés à l'époque, l'importance de la dette publique par exemple, ne font plus les manchettes.»

Les adéquistes d'aujourd'hui «font ce qu'ils veulent avec le parti. C'est une page qui se tourne dans l'histoire, c'est tout».