Le premier ministre Stephen Harper a vivement défendu ses propos sur l'utilisation d'armes à feu mercredi, qualifiant l'interprétation qui en a été faite de «démagogie».

«L'idée que l'on encourage les propriétaires d'armes à feu de se faire justice eux-mêmes est ridicule. Ce n'est pas le système au Canada», a tranché M. Harper lors d'un point de presse à Toronto.

«Les propriétaires d'armes à feu au Canada ne sont pas autorisés à se faire justice eux-mêmes. Personne ici ne laisse entendre qu'ils devraient se faire justice eux-mêmes.»

«Pourquoi doit-on faire face ici au Canada à cette démagogie? a poursuivi M. Harper. Je pense que c'est parce que beaucoup ne comprennent pas les différences entre le système canadien et le système aux États-Unis».

«Au Canada, le propriétaire d'armes à feu a des responsabilités. Aux États-Unis, il a des droits. Et c'est une grande différence.»

Stephen Harper a soulevé une importante controverse lorsqu'il a affirmé la semaine dernière en Saskatchewan que «ma femme vient d'une région rurale où, évidemment, la possession d'une arme à feu n'était pas que pour les besoins de la ferme, mais aussi pour assurer un certain niveau de sécurité lorsqu'une assistance policière immédiate n'était pas disponible».

Cette déclaration a été suivie le lendemain par un courriel de la directrice de campagne nationale du Parti conservateur dans une lettre envoyée à ses partisans pour solliciter des fonds. « Notre Parti conservateur reconnaît que les armes à feu sont importantes pour le mode de vie, les loisirs et la sécurité de nombreux Canadiens », a écrit Jenny Byrne.

Cette référence à la sécurité des citoyens est une nouvelle position du gouvernement Harper dans ce débat sur les armes à feu au pays. Dans le dossier du registre, notamment, il s'était limité à évoquer les droits des honnêtes chasseurs et fermiers.

Des politiciens au Canada et au Québec ont vivement dénoncé cette position depuis le début de la semaine. Le chef de l'Opposition, Thomas Mulcair, l'a qualifiée d'irresponsable et l'Assemblée nationale du Québec a adopté une motion à l'unanimité affirmant que « l'assouplissement des motifs permettant l'utilisation d'armes à feu pour l'autodéfense, idée avancée par le premier ministre du Canada, n'est pas souhaité par la population québécoise et va à l'encontre de ses valeurs ».

«C'est vrai, le Parti conservateur n'est pas contre les propriétaires d'armes à feu, y compris les 500 000 personnes au Québec qui ont des armes à feu», s'est justifié le premier ministre.

«Mais en même temps, on a un système canadien basé sur la responsabilité et le respect de la loi. Et c'est tout à fait le contraire du système aux États-Unis. Et personne ne propose un tel système pour notre pays.»

Cette loi, a-t-il insisté, inclut l'exigence d'obtenir un permis pour avoir une arme et le respect des règles prévues au Code criminel.