Mario Beaulieu subit de l'obstruction de la part de certains hauts responsables du Bloc québécois qui n'ont toujours pas digéré le résultat de la course à la direction, dénonce le président du Forum jeunesse du parti.

Selon Xavier Barsalou-Duval, une partie de l'establishment de la formation politique met des bâtons dans les roues de M. Beaulieu. Le Bureau national, par exemple, a adopté une motion de transition qui, concrètement, empêche le leader d'embaucher et de licencier du personnel, a-t-il exposé.

«Ça rend les choses très difficiles, parce que c'est nécessaire qu'un chef puisse s'entourer de personnes de confiance pour avancer. Des gens ont été nommés grâce à un mini-budget qui a été attribué (par le Bureau national), mais ces nominations-là sont temporaires. Ces gens-là sont tous un peu sur la sellette», a-t-il fait valoir lundi en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Sans aller jusqu'à parler d'opération de sabotage, M. Barsalou-Duval a soutenu qu'une faction au sein du Bloc essaye vraisemblablement d'«attacher les mains» du nouveau leader bloquiste pour l'empêcher de guider les destinées du Bloc comme il le souhaiterait.

Et le moment est mal choisi, puisque les élections fédérales se profilent à l'horizon - elles devraient se tenir le 19 octobre 2015 - et que l'été aurait été le moment idéal pour démarrer la machine.

«Quand on veut qu'un parti soit fonctionnel et qu'un chef puisse travailler à son plein potentiel, on ne lui met pas une camisole de force, a-t-il laissé tomber. Après ça, je ne sais pas s'il y a d'autres choses de prévues pour le déstabiliser ou le 'tasser'.»

L'instigateur de cette démarche, qui passait par la création d'un comité de transition, n'était nul autre que le député démissionnaire Jean-François Fortin, a fait remarquer le député bloquiste Louis Plamondon en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Son objectif était vraisemblablement d'«enfarger le Bloc avant de partir», a suggéré le doyen de la formation politique à la Chambre des communes.

«C'était une façon détournée de ralentir la transition. Mais je ne vois pas ça de façon si grave que ça. Ceux qui ont voté pour la motion voyaient ça comme une façon d'aider le chef. C'est par après que je me suis rendu compte, suite à l'action de M. Fortin, que c'était pour ralentir la mise en place et l'erre d'aller du chef», a exposé le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour.

Les tuiles ne cessent de s'abattre sur M. Beaulieu depuis son accession à la direction du Bloc, la plus récente étant la démission subite de M. Fortin.

En annonçant son départ, le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia a eu des mots très durs à l'endroit de son ancien chef, qu'il a accusé de radicaliser et diviser la formation souverainiste, ce que le principal intéressé a vigoureusement nié.

Et depuis quelques heures, les rumeurs circulent à l'effet qu'un autre bloquiste, Claude Patry, pourrait lui aussi faire défection. Le député de Jonquière-Alma, qui est rentré de vacances ce lundi, n'a pas encore commenté les informations à cet égard, qui ont été publiées dimanche dans La Presse.

Une rencontre a eu lieu lundi après-midi entre Mario Beaulieu et Claude Patry dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Au terme de la réunion, le chef bloquiste s'est refusé à tout commentaire, assurant toutefois qu'il ferait le point sur la situation au cours des prochaines heures.

Selon le parti, le rendez-vous entre les deux hommes était déjà prévu avant même que la machine à rumeurs ne s'emballe.