(Québec) Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, accuse le Parti libéral du Québec (PLQ) de se servir de la crise agricole pour engraisser sa caisse électorale.

M. Lamontagne était talonné en Chambre, jeudi, par le porte-parole libéral en agriculture, André Fortin, qui voulait savoir comment le gouvernement comptait accompagner les producteurs en difficulté.

M. Fortin donnait l’exemple de Steve Berthiaume, un agriculteur de la relève de la région de la Côte-Nord, qui, au lieu d’être aidé dans son plan de restructuration, se fait « accompagner vers la faillite ».

Passant en mode offensif, M. Lamontagne a accusé le PLQ d’avoir « définancé » le ministère de l’Agriculture. Le ministre a enchaîné en dénonçant un courriel du PLQ envoyé à ses membres dans lequel M. Fortin fait état des difficultés des agriculteurs.

Dans son message, André Fortin ajoute qu’il a manifesté auprès des agriculteurs, puis, il invite à « donner dès maintenant pour nous aider à défendre les intérêts de nos agriculteurs québécois contre l’inaction du gouvernement ».

Jeudi, M. Lamontagne s’est dit « bouleversé » par cette façon d’amasser des dons. « (Le PLQ) se sert des difficultés des agriculteurs pour engraisser sa caisse électorale », a-t-il tonné en pressant M. Fortin de s’excuser.

Ce dernier a affirmé en point de presse qu’il est normal pour un parti politique de faire de telles campagnes.

« Les partis politiques ont le droit […] de demander du financement à leurs membres », a-t-il expliqué, en soulignant que Québec solidaire avait demandé l’« aide » de ses membres « pour convaincre (le gouvernement) de protéger les aînés ».

« Il n’y a personne qui les accuse de faire du financement sur le dos des gens qui sont évincés de leurs logements. »

Selon lui, la Coalition avenir Québec (CAQ) est mal placée pour parler de financement politique, elle qui fait l’objet de plusieurs enquêtes de la commissaire à l’éthique.

« Il y a juste un parti qui a demandé à des parents endeuillés de se présenter dans un cocktail de financement pour avoir accès, pendant deux minutes, à la ministre responsable de leur dossier. Ça, c’est la CAQ », a-t-il asséné.

Agri-relance : Lamontagne confiant

Les deux hommes ont à nouveau croisé le fer à l’occasion de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Agriculture.

M. Fortin a évoqué l’année 2023 qui a été catastrophique pour les producteurs agricoles (pluies abondantes, sécheresse) et demandé si le Québec avait convaincu le gouvernement fédéral d’activer « Agri-relance ».

Ce programme a pour objectif d’aider les producteurs à couvrir les coûts exceptionnels liés aux dommages subis à la suite d’une catastrophe naturelle.

Le ministre Lamontagne s’est dit « confiant » qu’Ottawa allait fournir une réponse « satisfaisante » au Québec dans les prochaines semaines. D’ici là, il invite les producteurs à utiliser tous les outils et programmes à leur disposition.

« Pour toutes sortes de raisons, […] les gens n’utilisent pas à plein escient toutes les capacités et les outils de soutien », a-t-il dit. Par exemple, 67 millions dormiraient toujours dans le fonds d’urgence.

Plusieurs producteurs se sentent laissés pour compte, car les programmes gouvernementaux sont mal adaptés à leur réalité, a signalé M. Fortin, qui déplore le manque de « vision » du ministre et sa lenteur à réformer le système.

M. Lamontagne n’a d’ailleurs donné aucun détail, jeudi, sur les changements qu’il pourrait apporter notamment à La Financière agricole dans les années à venir.

Les agriculteurs ont manifesté dans plusieurs régions du Québec au cours des dernières semaines pour exprimer leur ras-le-bol, causé notamment par la chute désastreuse de leurs revenus.

En point de presse, M. Fortin a raconté avoir vu en Outaouais, mercredi, « des gens qui avaient des mains deux fois grosses comme la mienne qui pleuraient au micro […] parce qu’ils ne savent pas s’ils vont être en mesure de poursuivre leur vie agricole ».

Selon les prévisions du ministère fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, le revenu net agricole québécois passera de 959  millions en 2022 à 66 millions en 2024, du jamais vu depuis 1938.