(Québec) Les adversaires de Paul St-Pierre Plamondon se demandent si le chef péquiste n’est pas « soupe au lait », au lendemain d’une commission parlementaire où il a quitté de façon précipitée, excédé des réponses du premier ministre François Legault, qu’il jugeait inadéquates.

« Je pense que ce n’est jamais bon de se fâcher. J’ai appris ça avec le temps », a laissé tomber le ministre de la Santé Christian Dubé. « Je peux lui offrir des caramels, c’est moins bon pour la ligne, mais c’est bon pour l’esprit », a-t-il ajouté.

« Il est peut-être un petit peu soupe au lait. Je pose la question », a affirmé son collègue ministre, Bernard Drainville.

La veille, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a fait une brève apparition durant l’étude des crédits du ministère du Conseil exécutif, le ministère du premier ministre. Il est arrivé au milieu de l’exercice et a commencé son intervention en soulignant le peu de temps qu’il avait. « Vous êtes chanceux, je n’ai que 12 minutes », a-t-il lancé à M. Legault.

M. St-Pierre Plamondon lui a demandé à de multiples reprises s’il allait militer pour le camp du Oui en cas d’échec de la troisième voie. Le premier ministre n’a pas voulu répondre directement à la question qu’il jugeait hypothétique. Il a plutôt souligné qu’il ne baissait pas les bras et comptait aller chercher plus de pouvoirs à Ottawa, tout en critiquant les positions passées et changements de cap de M. St-Pierre Plamondon.

Piqué au vif, M. St-Pierre Plamondon a affirmé à la fin de l’échange que « l’exercice consiste du côté du premier ministre à lire des citations aléatoires », et il a quitté la salle alors qu’il lui restait un peu moins d’une minute au compteur.

Son directeur des communications affirme que M. St-Pierre Plamondon devait partir « pour se rendre à une rencontre avec 6 députés français après avoir complété ses questions ». « Même si François Legault avait annoncé qu’il votait oui, nous aurions quitté quand même », a affirmé Louis Lyonnais dans une réponse écrite.

Bérubé a failli quitter aussi

Le député péquiste Pascal Bérubé a pris sa défense. Il ne restait que 40 secondes lorsque le chef péquiste est parti, a-t-il dit. « Je le comprends tellement de trouver que c’est du temps perdu quand le premier ministre ne répond pas », a expliqué M. Bérubé.

Il a ajouté qu’il a lui-même « failli quitter » lors de l’étude des crédits en immigration « parce que la ministre non seulement ne répondait pas, mais je posais des questions très correctes, puis elle faisait juste m’attaquer. » « On est des gens vrais, on ne fait pas semblant, on n’est pas des acteurs, on est à l’image du Québec. Si les gens ne nous répondent pas, pourquoi on tolérerait un exercice comme celui-là », a-t-il ajouté.

Le ministre Drainville n’est pas du même avis. Il dit remarquer que M. St-Pierre Plamondon a « parfois des réactions épidermiques », et a souligné que les Québécois « apprennent à le connaître ».

Un échec, selon Fortin

Quant aux changements de position passés — François Legault faisait remarquer qu’il a « déjà dit qu’il avait un malaise avec le nationalisme, que le déclin du français n’existait pas, que la loi 101 au cégep n’était pas une bonne idée » — il est normal qu’elles soient relevées, a-t-il plaidé.

« Faut que tu t’habitues à devoir expliquer tes prises de position et des déclarations passées. Ça fait partie de la joute, du monde de la politique de te faire rappeler des déclarations passées et d’expliquer ce qui t’a fait cheminer. C’est normal que M. St-Pierre Plamondon se fasse poser ces questions », a indiqué M. Drainville.

Le libéral André Fortin est allé plus loin dans sa critique du chef péquiste. En quittant la salle en laissant du temps sur la table, M. St-Pierre Plamondon a échoué. « Le chef du Parti québécois qui peut parler au premier ministre du Québec de tous les dossiers, il laisse du temps sur la table, selon moi, il a échoué à son rôle de contrôleur de l’action gouvernementale », a-t-il dit.

« Il y a une crise en logement, il y a une crise en agriculture, il y a une crise de la pénurie de main-d’œuvre. Il y a des difficultés d’accès à n’en plus finir en santé. Je ne comprends pas que le chef du Parti québécois n’en profite pas, du très précieux temps qui lui est alloué pour faire son travail de contrôleur de l’action gouvernementale », a-t-il ajouté.