(Québec) À quelques mois du déclenchement d’une course à la direction déterminante pour le Parti libéral du Québec (PLQ), la commission politique présidée par l’ex-sénateur André Pratte lance une offensive pour préciser les positions politiques défendues par les libéraux. Ce nouvel exercice envoie également un message aux aspirants chefs, dans le contexte où Denis Coderre déclarait récemment son appui à la Loi sur la laïcité de l’État, pourtant pourfendue par le parti. « Il faut écouter nos militants », affirme le chef par intérim Marc Tanguay.

En entrevue avec La Presse, M. Tanguay, M. Pratte et le président du PLQ, Rafael Primeau-Ferraro, ont annoncé la création de quatre groupes de travail formés de membres de la commission politique. Au cours des prochaines semaines, ils sillonneront le Québec pour rencontrer les militants libéraux sur les thèmes du développement économique, de l’éducation, de l’amélioration des services publics et de l’affirmation du Québec.

Au terme de l’exercice, M. Pratte et ses équipes produiront des résolutions qui seront débattues et votées par les membres au conseil général du parti, les 25 et 26 mai à Bromont, ainsi qu’au congrès libéral des 9 et 10 novembre prochains à Lévis.

Et contrairement au rapport du comité sur la relance, qui ne liait pas les mains du prochain chef, « les résolutions [qui seront adoptées par les membres], le chef devra faire avec », affirme Marc Tanguay.

« Un message qu’on a reçu [des membres], c’est qu’il faut que le rapport sur la relance puisse continuer à vivre. Qu’il y ait des suites et qu’il ne soit pas tabletté. [Ces groupes de travail] mettront la table à la prochaine grande étape qui va nous attendre, c’est-à-dire notre course à la chefferie », ajoute M. Primeau-Ferraro.

Des positions avant l’élection d’un chef

Dans son rapport sur la relance, présenté l’automne dernier, André Pratte et son équipe avaient proposé un virage nationaliste aux libéraux. Des idées comme se doter d’une constitution québécoise et demander à Ottawa le contrôle de l’immigration temporaire côtoyaient des propositions à saveur économique, un thème qui a marqué en janvier dernier le caucus présessionnel du parti, à la défense des PME.

Cette fois-ci, estime M. Pratte, le défi sera d’être encore plus concret. « Le parti, depuis quelques années, a souffert d’une certaine démobilisation de ses militants. Un parti avec moins de militants ou avec des militants démobilisés, c’est très difficile. Leur rôle est important, notamment pendant les périodes électorales. Alors là, on va remobiliser les militants pour faire un travail rigoureux », affirme-t-il.

Ce n’est pas que le prochain chef ne peut rien dire, mais il y a quand même un poids moral, quand tu es chef, pour t’assurer que les militants demeurent mobilisés et intéressés à faire la lutte électorale. C’est important de tenir compte de ce qu’ils ont fait comme travail.

André Pratte, président de la commission politique du Parti libéral du Québec

« Les instances du Parti libéral du Québec sont importantes. Les résolutions de nos conseils généraux et de nos congrès sont importantes. Un chef ne peut pas dire : “Moi, cette résolution-là, je suis contre et on la met totalement de côté.” Il faut écouter nos militants et militantes », précise à son tour M. Tanguay.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec

« Ceci dit, un chef n’est pas là pieds et poings liés. Il peut apporter ses idées, les faire cheminer dans nos instances. Avec son leadership, il va pousser certaines autres idées encore plus loin. C’est un travail d’équipe. Mais les rapports de nos instances sont formels et sont liants pour le chef », poursuit-il.

Le calendrier de la course n’est pas prêt

Pendant que la commission politique met sur pied ses groupes de travail, le travail se poursuit à la direction du PLQ pour préparer la prochaine course à la direction, ses débats et l’élection d’un nouveau chef, au printemps 2025.

Pour l’instant, la date du déclenchement formel de la course, où les aspirants chefs pourront lancer leur campagne et vendre des cartes de membres, n’est toujours pas arrêtée.

Pour les libéraux, une course longue pourrait durer jusqu’à six mois, alors qu’une course plus courte s’étirerait sur environ quatre mois.

À ce jour, plusieurs noms circulent quant à l’identité de possibles candidats. Le député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, est toujours en réflexion, tout comme l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre, qui doit préciser son avenir politique ce printemps au terme d’une marche sur le chemin de Compostelle.

Il y a quelques jours, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, a affirmé au Soleil n’avoir « aucun intérêt » pour le poste de chef libéral. Le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, a également répondu plus tôt cet hiver qu’il était bien dans son poste dans le développement des affaires, tout comme l’avait fait l’an dernier le chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn.