De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Bonne semaine pour Andrés Fontecilla

Depuis des années, le député solidaire de Laurier-Dorion a l’impression de prêcher dans le désert quand il parle des locataires victimes des spéculateurs immobiliers. Avec la crise qui s’intensifie, son discours devient plus populaire. Il en profite pour porter à l’attention d’un public aujourd’hui plus réceptif des histoires franchement révoltantes, comme celle de quatre jeunes frères de Shawinigan menacés d’éviction. Les statistiques étaient déjà connues, mais en mettant des visages sur la crise, M. Fontecilla met de la pression pour trouver des solutions. Il n’était pas le seul. Il faut souligner que sa collègue Alejandra Zaga Mendez a été la première du parti à poser une question sur le sujet.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine pour Jean-Yves Duclos

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Jean-Yves Duclos

C’était une très mauvaise semaine pour être ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada. Le fiasco d’ArriveCAN est encore plus grand qu’on ne le croyait. La firme GC Strategies a reçu plusieurs contrats de gré à gré, pour plusieurs millions de dollars. La fonction publique canadienne semble avoir perdu le contrôle des dépenses depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux. À cela, M. Duclos n’a pas pu offrir autre chose que les habituelles contritions suivies des promesses de faire mieux. Vrai, deux fonctionnaires ont été suspendus. Mais on a l’impression qu’on commence à peine à découvrir l’ampleur du gaspillage en frais de consultants et autres formes de laxisme budgétaire dans la fonction publique.

Paul Journet, La Presse

La citation de la semaine

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan

Je suis vérificatrice depuis quelques décennies. Je suis vérificatrice générale depuis près de quatre ans maintenant et je devrais vous dire que c’est probablement l’une des pires tenues de registres financiers que j’ai jamais vues.

La vérificatrice générale, Karen Hogan, n’a pas caché lundi en conférence de presse son incrédulité face aux pratiques comptables douteuses de l’Agence des services frontaliers du Canada dans le dossier de l’application ArriveCAN, dont le coût a explosé.

Pas touche à ma paille en plastique

PHOTO BARBARA WOIKE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

En novembre dernier, la Cour fédérale a invalidé le décret désignant les articles de plastique à usage unique comme « toxiques » en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement. Le gouvernement de Justin Trudeau a fait appel de ce jugement.

Lundi, à Montréal, un rapport nous a appris que le plastique à usage unique était en voie de disparition. « Son interdiction était une évidence », a fait valoir la mairesse de la métropole, Valérie Plante. Pendant ce temps, de l’autre côté de la rivière des Outaouais, le Parti conservateur déposait un projet de loi « de gros bon sens » pour « mettre fin aux interdictions radicales de plastique de Trudeau ». La mesure d’initiative parlementaire C-380 de l’élu saskatchewanais Corey Tochor permettrait aux Canadiens « d’économiser à l’épicerie, tout en protégeant leur liberté de choisir les produits qui leur conviennent le mieux », a déclaré la formation par voie de communiqué. En novembre dernier, la Cour fédérale a invalidé le décret désignant les articles de plastique à usage unique comme « toxiques » en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement. Le gouvernement de Justin Trudeau a fait appel de ce jugement.

WTF : nouvelle définition !

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X D’ANAIDA POILIEVRE

Le Parti conservateur a mis en vente des T-shirts avec sa version de l’expression WTF.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, ne recule devant rien pour marquer l’imagination en ayant recours à des formules percutantes. Il a poussé son art encore plus loin cette semaine, à la Chambre des communes, tandis qu’il mitraillait le premier ministre de questions au sujet du fiasco financier entourant la conception de l’application ArriveCAN. « WTF », a-t-il lancé en anglais, un sigle qui signifie une chose que l’on n’ose pas écrire dans cette rubrique. Rappelé à l’ordre par le président des Communes, Greg Fergus, M. Poilievre est vite retombé sur ses pieds. « Where are the funds », a-t-il lancé, provoquant des éclats de rire dans les rangs conservateurs. Fier de la blague, le parti en a même fait des chandails pour ses partisans. Décidément, le chef conservateur n’en rate pas une !

Les deux meilleurs ennemis

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE PAUL ST-PIERRE PLAMONDON

Denis Coderre et Paul St-Pierre Plamondon à l’Assemblée nationale mercredi

Assistons-nous au début d’une « bromance » entre le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, et le candidat potentiel à la course à la direction du Parti libéral du Québec Denis Coderre ? L’ex-maire de Montréal a fait une saucette à l’Assemblée nationale le 14 février où il a confirmé le lancement du mouvement « Non, merci ! » contre la menace référendaire. Il a par ailleurs prédit que la campagne électorale de 2026 serait une campagne « référendaire » avec le retour de « l’axe fédéralisme-séparatisme ». Piqué, le leader péquiste s’est invité dans la mêlée de presse de M. Coderre, ce qui a donné lieu à un échange pour le moins cocasse. M. St-Pierre Plamondon a pris les choses avec une dose d’humour : « Pour la Saint-Valentin, trouvez-vous quelqu’un qui vous regarde comme Denis Coderre me regarde », a-t-il écrit sur le réseau X. Ayant des visions politiques opposées, les deux hommes pourraient bien devenir les meilleurs des ennemis aux prochaines élections.

Voyez la publication de Paul St-Pierre Plamondon sur X

Pour ou contre le 0,05 ?

Le secrétaire était-il ivre de fatigue ? À moins que ce soient les mathématiques qui le soûlent ? Toujours est-il qu’il a causé la surprise générale jeudi en donnant le résultat du vote des députés sur la motion libérale qui demandait au gouvernement d’imposer aux conducteurs « des sanctions administratives dès l’atteinte d’un taux d’alcool de 0,05 ». « Pour 67, contre 31, aucune abstention », a-t-il dit. Oups ! Tous les caquistes présents s’étaient pourtant opposés à la motion. Le secrétaire s’est repris. « Contre 31, pour 67, aucune abstention. » Re-oups ! « Juste un instant, un peu de silence. Comme ça, on va laisser monsieur le secrétaire général se concentrer sur ses chiffres », a lancé la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Chantal Soucy. « Pour 31, contre 67, aucune abstention », a-t-il finalement annoncé. C’est un résultat qui a plus de sens… sauf pour ceux déplorant que le Québec soit la seule province canadienne à tolérer un taux d’alcool jusqu’à 0,08.

Déshabiller le Saguenay pour habiller l’Outaouais ?

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

André Fortin, député libéral de Pontiac, en Outaouais

Les débats entourant la révision de la carte électorale ont créé des flammèches cette semaine au parlement. On savait déjà que les députés de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent allaient se battre bec et ongles pour que la Commission de la représentation électorale ne leur retire pas une circonscription. Mais voilà que le député libéral de Pontiac, André Fortin, a sauté à son tour dans le ring en faveur de sa région, l’Outaouais. Calculs mathématiques à l’appui, il a démontré que sa région était sous-représentée au Salon bleu, comparativement à d’autres secteurs, ce qui milite pour qu’on lui ajoute une circonscription. Mais où pourrait-on retrancher une circonscription pour ce faire ? Au Saguenay, s’est demandé le député ? En conclusion, le président de la Commission a pris soin de dire au député que le fruit n’était pas encore mûr, question qu’il ne se fasse pas trop d’attentes.

Drôle de remplaçant

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire

C’est une force d’avoir plus d’une corde à son arc en politique. Or, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a poussé un peu la note vendredi. Ce dernier a remplacé sa collègue la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, qui devait participer vendredi à une interpellation – une procédure parlementaire lors de laquelle un ministre répond aux questions de l’opposition pendant deux heures. Mme Bélanger n’a pu être présente puisqu’elle procédait, en compagnie de François Legault, à l’inauguration d’une maison des aînés dans la circonscription du premier ministre. « Ce sera plutôt avec le ministre de la Cybersécurité, le ministre Caire, avec qui l’on discutera du vieillissement de la population… alors j’ai hâte de voir ce qu’il pourra apporter comme réponse », a résumé avec une pointe d’ironie le péquiste Joël Arseneau.

La couenne sensible

Un affrontement entre Pierre Poilievre et une journaliste cette semaine a donné de nouvelles munitions aux libéraux pour critiquer le chef conservateur. « Je dois dire qu’il a la couenne pas mal sensible », a dit la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge. M. Poilievre s’est attaqué à l’intégrité d’une journaliste du bureau anglophone de La Presse Canadienne qui insistait pour avoir une réponse à sa question, en l’accusant d’être « une porte-parole du Cabinet du premier ministre financée par les impôts ». Elle voulait savoir pourquoi les conservateurs avaient appuyé un allègement réglementaire qui a permis aux télédiffuseurs, dont Bell Media, d’économiser 120 millions annuellement. L’entreprise a annoncé qu’elle supprimait 4800 postes la semaine dernière.