L’agression violente commise par un détenu contre des employés, survenue lundi à la prison de Port-Cartier, démontre que le métier d’agent correctionnel « est de plus en plus dangereux avec le temps », s’inquiète un syndicat local. Il appelle Ottawa à resserrer les mesures de sécurité rapidement.

« Notre travail est plus en plus dangereux et dur avec le temps, surtout depuis trois ou quatre ans je vous dirais. On vit tous les jours avec les pires criminels du Canada », lance le président québécois du Syndicat des Agents Correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN), Mike Bolduc.

Mercredi, Service correctionnel Canada (SCC) avait rapporté qu’un employé avait été victime de « voies de fait » plus tôt cette semaine, lundi à la prison de Port-Cartier, en ne donnant toutefois que très peu de détails supplémentaires sur cette affaire.

Selon le syndicat, la situation a été minimisée par les autorités fédérales. « Dans la réalité, c’est deux agents qui ont été agressés par un détenu. Le premier a été poignardé à quatre reprises, deux fois à la poitrine, une fois à la figure et l’autre fois au biceps. Sa veste anti-pic l’a sauvé et il est parvenu à éviter le pic au visage, mais il a été blessé sérieusement au bras, avec une lacération à la main », relate M. Bolduc.

« C’est une tentative de meurtre, ce qui s’est passé. Le détenu a aussi donné un coup de pic à un autre agent à la hauteur du torse », a poursuivi le leader syndical, en précisant que quatre agents correctionnels sont en congé maladie depuis cet évènement.

Le détenu en question est connu des autorités. D’après M. Bolduc, c’était la quatrième fois qu’il agressait un agent en service. Il avait aussi commis des gestes similaires en Atlantique, en Ontario et à Donnacona.

Plus d’imputabilité réclamée

Au-delà de l’incident, le syndicat demande à SCC d’augmenter le nombre de fouilles systématiques réalisées dans les prisons fédérales. Une fouille a été réalisée après l’agression de lundi à Port-Cartier, « mais il en faut le plus possible, sans qu’on soit toujours en réaction », affirme le président.

« Ça nous prend aussi des détecteurs de drone. En ce moment, on a énormément d’armes artisanales qui peuvent rentrer par drones. On constate aussi beaucoup plus de drogues, et ça aggrave la violence dans nos établissements », persiste-t-il.

Par-dessus tout, son groupe réclame globalement « plus d’imputabilité » pour les détenus. « La loi est tout simplement insuffisante. Les détenus n’ont plus de réelles conséquences pour des faits graves. Il n’y a pas de réelle sanction concrète, donc ça se reproduit encore et encore », conclut Mike Bolduc, inquiet du « manque d’expérience » de plusieurs directions locales dans les prisons fédérales.

Dans l’immédiat, la Sûreté du Québec a ouvert une enquête sur l’agression de Port-Cartier. La prison de Port-Cartier est présentement en « routine cellulaire modifiée », autrement dit la circulation des détenus a été restreinte pour réduire les risques.

Toutes les visites seront quant à elles suspendues pendant la durée de cette fouille et « les opérations normales reprendront lorsqu’il sera jugé sécuritaire de le faire », a indiqué SCC dans un communiqué.