(Ottawa) Les convois de camions pour s’opposer aux mesures sanitaires sont devenus une « question d’urgence nationale » dès qu’ils se sont mis à bloquer des infrastructures essentielles à l’économie canadienne, selon le ministre de la Protection civile, Bill Blair. Celui qui a dirigé la police de Toronto durant dix ans estime que les forces de l’ordre avaient épuisé les outils déjà à leur disposition.

« Je l’ai perçu comme une escalade importante », a-t-il affirmé lors son témoignage à la Commission sur les mesures d’urgence lundi après-midi. Il a rappelé au passage que des employés étaient mis à pied parce que des usines de Windsor devaient fermer temporairement, faute de pièces. Le pont Ambassador étant bloqué, elles ne recevaient pas les chargements attendus. Cela touchait particulièrement l’industrie automobile dont la chaîne de production est intégrée avec les États-Unis.

« Cela avait un impact énorme et je crois que c’est ce qui en a fait un enjeu d’urgence nationale », a-t-il ajouté.

M. Blair a également indiqué que l’importante saisie d’armes dans le convoi de Coutts, en Alberta, a également mis les autorités sur un pied d’alerte. Même si les manifestations se voulaient pacifiques, cela indiquait un risque « de violence ou même de violence grave ».

Le gouvernement devait donc agir, selon lui, pour mettre fin à la foi au « convoi de la liberté » à Ottawa et aux autres convois de camions ailleurs au pays. « Dans mon esprit, il avait une corrélation claire entre les blocages de postes frontaliers et ce qui se passait à Ottawa », a-t-il dit.

Le ministre Blair a également constaté qu’il serait difficile pour les forces de l’ordre de « chasser les blocages de postes frontaliers d’un bout à l’autre du pays ». Il a indiqué que le Canada comptait 119 points d’entrée, en incluant les aéroports, qui étaient tous vulnérables.

Les forces policières, selon lui, ne pouvaient pas « utiliser efficacement » les règlements municipaux, les lois provinciales ou les lois fédérales pour mettre fin à ces manifestations « de manière pacifique ». M. Blair a avoué ne pas être au courant que la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, Brenda Lucki, estimait que tous les outils à la disposition de la police n’avaient pas été utilisés.

Le gouvernement fédéral a déclaré l’état d’urgence le 14 février, un peu plus de deux semaines après l’arrivée du « convoi de la liberté » à Ottawa et le début du blocage du poste frontalier de Coutts. Un autre convoi de camions bloquait alors le pont Ambassador, en Ontario, depuis une semaine et d’autres poids lourds bloquaient le poste frontalier d’Emerson au Manitoba depuis quatre jours.

L’enquête publique menée par le juge Paul Rouleau doit déterminer si le recours historique à la Loi sur les mesures d’urgence était justifié. Il s’agit de l’un des garde-fous inclus dans cette législation d’exception.

Le ministre Blair a affirmé qu’il avait été fier de voir que la vaste opération policière, échelonnée sur trois jours, pour déloger les manifestants et les camions du centre-ville d’Ottawa avait été menée dans les règles de l’art.

En contre-interrogatoire, l’avocat des organisateurs du « convoi de la liberté » a tenté d’insinuer que l’un des drapeaux nazis vus au centre-ville d’Ottawa avait été planté par Entreprise Canada, une firme de relation publique proche du Parti libéral du Canada. Le président de cette firme, Brian Fox, a démenti cette affirmation dans une déclaration. « Cette accusation absurde et méprisable est fausse », a-t-il fait savoir.