(Québec) Sans grande surprise, le vétéran Marc Tanguay devient le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ). Son premier test sera de réintégrer la députée Marie-Claude Nichols. Les députés André Fortin et Monsef Derraji ont de leur côté montré leur intérêt à briguer la direction, laissée vacante par Dominique Anglade.

Le suspense aura été de courte durée : après un peu plus d’une heure de délibérations, le caucus libéral a choisi d’élire jeudi le député de LaFontaine au poste de chef intérimaire après la démission de Dominique Anglade, lundi. Avec le désistement d’André Fortin, la voie était ouverte pour Marc Tanguay, l’un des derniers vétérans du caucus libéral en partie renouvelé après les élections.

Dominique Anglade a salué sa nomination sur Twitter. « Avec tout le talent et la fougue qu’on te connaît, je sais que tu donneras le meilleur de toi-même pour le PLQ », a-t-elle déclaré sur le réseau social.

« Aujourd’hui s’ouvre une nouvelle page », a lancé M. Tanguay, entouré des membres du caucus, réduit à 19 élus avec le départ de la cheffe et l’exclusion de Marie-Claude Nichols. Sa priorité sera d’ailleurs de convaincre la députée de Vaudreuil de revenir dans l’équipe libérale. La principale intéressée, qui avait rejeté la main tendue de Mme Anglade, n’a pas accordé d’entrevues, jeudi.

« J’ai l’intention de contacter Marie-Claude Nichols rapidement pour aller m’asseoir avec elle et d’avoir une bonne discussion avec elle. Vous me permettrez de le faire privément », a soutenu le nouveau chef, sans vouloir s’avancer sur ce que sa formation pourrait lui offrir en retour.

Mme Nichols souhaitait être nommée troisième vice-présidente de l’Assemblée nationale, un poste qui a été attribué à son collègue Frantz Benjamin, qui a moins d’ancienneté. Mme Nichols a par la suite ensuite refusé le dossier des transports, ce qui lui a valu son exclusion. Le président du caucus, Enrico Ciccone, a aussi été particulièrement sévère à l’égard de la députée, ce qui lui a valu des critiques au sein de l’organisation.

Marc Tanguay n’a pas voulu confirmer jeudi s’il conservera en poste les mêmes officiers, mais soutient qu’il n’y aura pas « de grands bouleversements » ni au chapitre des responsabilités déjà attribuées. « J’ai eu une bonne conversation avec Frantz, il sait où je loge », s’est-il limité à expliquer. M. Tanguay a aussi réitéré sa confiance envers Enrico Ciccone comme président du caucus.

M. Tanguay devra également désigner un nouveau leader parlementaire, une fonction qu’il aurait occupée si Mme Anglade était demeurée en poste. Mais les possibilités ne sont pas nombreuses puisqu’il s’agit habituellement d’un rôle occupé par un député expérimenté. Il faut exclure aussi André Fortin et Monsef Derraji qui ont manifesté jeudi leur intérêt d’être de la course à la direction du PLQ.

La députée Marwah Rizqy se trouve aussi en congé de maternité.

Marc Tanguay n’a pas nié les nombreux défis de sa formation et a salué avec émotion la contribution de Dominique Anglade, qui est devenue la première femme à diriger le PLQ. Il a affirmé que les dernières semaines ont été « rock and roll » et difficiles pour tous. « Comme chef intérimaire, c’est mon devoir de faire en sorte que l’on travaille en toute cohésion. Et c’est ce que je constate, le désir est là », a-t-il dit.

Vers une course à la direction

Les libéraux auront visiblement droit à une course à la succession de Dominique Anglade, elle qui avait été couronnée en pleine pandémie après le désistement du seul autre candidat, Alexandre Cusson. Jeudi, le député de Pontiac — qui ne s’était pas exprimé depuis que le leadership de Dominique Anglade a été contesté — s’est présenté devant les médias gonflé à bloc, jeudi.

« Je ne suis pas venu ici ce matin pour fermer la porte », a-t-il lancé. M. Fortin a affirmé qu’il n’avait aucun intérêt pour occuper l’intérim, même si les règles de la formation politique permettent maintenant à un chef intérimaire de briguer la chefferie officielle. Selon lui, ces deux fonctions sont « incompatibles » malgré tout. Marc Tanguay a affirmé à ce sujet que sa « réflexion n’a même pas commencé ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

André Fortin

« [Ce n’est] pas le rôle le plus intéressant pour moi ni le plus utile pour le Parti libéral », a ajouté le député de Pontiac, qui y est allé d’un long plaidoyer sur l’avenir de sa formation, laissant peu de doute sur sa volonté d’être candidat à la prochaine course. André Fortin, qui avait songé à affronter Mme Anglade lors de la course précédente, est le seul élu libéral à avoir résisté à la vague caquiste à l’extérieur du Grand Montréal.

« Je pense qu’on a besoin de définir le Parti libéral. On a besoin d’une vision, des idées nouvelles, audacieuses, de brasser le parti un peu, […] d’amener le parti ailleurs », a-t-il plaidé. Il doit aussi faire une tournée des régions, ce qui était déjà dans les cartons avant le départ de Mme Anglade.

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Monsef Derraji

Monsef Derraji a lui aussi confirmé qu’il songeait à se porter candidat comme chef. « Si je me fie aux derniers messages que j’ai reçus, il y a beaucoup de gens qui m’encouragent à aller de l’avant, justement pour avoir une course où on va débattre d’idées audacieuses. Je pense que c’est sain pour le Parti libéral du Québec d’avoir une course, d’avoir plusieurs candidats, et j’encourage ceux et celles qui veulent que le Parti libéral revienne sur l’échiquier politique de se lancer », a-t-il fait valoir.

Le député de Nelligan a ajouté qu’il prendra sa décision une fois que les règles de la course à la direction seront connues. Ces règles devront être adoptées lors d’un conseil général — cette instance ne se réunira pas avant le printemps prochain. Ainsi, même si le parti voulait procéder rapidement, il ne pourrait y avoir de congrès à la direction avant la fin 2023, de façon réaliste.

Jeudi, le député libéral fédéral de Louis-Hébert, Joël Lightbound, a indiqué que la porte est « plus entrouverte » que fermée quant à la possibilité qu’il fasse le saut en politique provinciale.