(Ottawa) Si Pierre Poilievre devient premier ministre du Canada, le langage « bureaucratique et universitaire » sera banni de la fonction publique. Le candidat à la direction du Parti conservateur promet de légiférer pour faire la promotion d’un langage « aussi simple que possible » dans les communications gouvernementales.

« La langue officielle du [gouvernement] n’est ni le français ni l’anglais. C’est le “bureaucrate”, [beaucoup] de mots pour rien dire. Elle coûte des milliards, maquille les échecs et rend les gens fous. Je ferai adopter une Loi sur le langage clair pour interdire le jargon bureaucratique au [gouvernement] », lit-on dans le message qui coiffe une vidéo publiée jeudi par l’aspirant à la direction conservatrice.

Car tant pour les citoyens que pour les petites et moyennes entreprises, « ça coûte très cher » en temps et en argent de remplir les formulaires émanant du gouvernement fédéral, plaide-t-il. Aussi faut-il légiférer pour obliger les fonctionnaires à accoucher de documents et de réglementations où le langage est « simple et clair », juge le député de Carleton.

En vertu de la mesure législative, les communications gouvernementales auraient « le moins [de] nombre et les plus simples mots possibles », et le Bureau du vérificateur général du Canada se verrait attribuer le pouvoir de s’assurer que « le langage utilisé par des ministères est aussi simple que possible ». Quant aux citoyens, ils auraient la possibilité de déposer des plaintes s’ils se butent à du jargon bureaucratique.

Dans le processus d’embauche, le gouvernement devra sélectionner des fonctionnaires qui auront démontré une capacité d’écrire « de façon très simple » et offrir des formations linguistiques dans un langage « utilisé par M. et Mme Tout-le-Monde » plutôt qu’avec des termes « bureaucratiques ou universitaires que personne dans le vrai monde n’utilise », détaille Pierre Poilievre.

Et aux mauvaises langues qui prétendent que « la simplicité est la même chose que la stupidité », le candidat répond en brandissant la formule « E = mc⁠2 », du célèbre scientifique Albert Einstein. « C’est simplement cinq caractères […] Est-ce que la formule aurait été plus brillante si ça avait pris des pages et des pages de complexité pour l’utiliser ? Je pense que non. La simplicité était la perfection », argue le député ontarien.

Celui qui est considéré comme le favori de la course à la direction du Parti conservateur du Canada réitère en conclusion sa promesse de « faire du Canada le pays le plus libre au monde » dans cette vidéo publiée un peu plus d’une semaine avant la date de l’annonce du prochain dirigeant des troupes conservatrices. Le nom du vainqueur sera connu le 10 septembre prochain.

Un précédent à Washington

Dans un document d’information accompagnant la promesse, on note qu’il existe au moins un précédent à ce genre d’initiative : le Plain Writing Act, adopté en 2010 par le Congrès américain. La loi vise à « améliorer l’accès des citoyens aux informations et aux services du gouvernement en établissant que les documents gouvernementaux remis au public doivent être rédigés clairement », lit-on dans le libellé de la loi.

La Nouvelle-Zélande se penche aussi sur un projet de loi ayant les mêmes objectifs, relève l’équipe Poilievre.