(Québec) Les élections québécoises marqueront l’histoire avec un nombre sans précédent de candidatures autochtones. Les partis politiques, qui mettent cette semaine le pied sur l’accélérateur en vue du 3 octobre, ont recruté jusqu’à présent neuf candidats issus des peuples autochtones, une première au Québec.

« Neuf candidatures, c’est quelque chose d’inédit, en tout cas à mes oreilles », affirme l’avocat et ancien député péquiste Alexis Wawanoloath. « Je n’ai jamais entendu qu’il y avait autant de candidats [autochtones sur les rangs] », a-t-il ajouté. Les formations consultées n’ont pas non plus souvenir d’un nombre aussi élevé.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a confirmé lundi qu’une première femme autochtone défendra les couleurs de la formation, dans Duplessis sur la Côte-Nord. La directrice des relations avec le milieu du projet de parc éolien Apuiat, Kateri Champagne Jourdain, de Uashat mak Mani-utenam, sera sur les rangs pour ravir ce bastion péquiste, laissé vacant avec le départ de Lorraine Richard.

La cheffe libérale Dominique Anglade annoncera à son tour ce mardi une « grosse pointure » avec l’arrivée dans ses rangs de Tunu Napartuk, ex-maire de Kuujjuaq, qui briguera les suffrages dans Ungava. L’Inuit croisera le fer avec l’auteure et militante crie Maïtée Labrecque-Saganash, qui défend la bannière de Québec solidaire.

Les solidaires, qui ont déjà annoncé les candidatures de cinq membres des Premières Nations, ajouteront d’ailleurs une sixième recrue à leur fiche, une première dans l’histoire de la formation. La co-porte-parole Manon Massé sera de passage à son tour dans Duplessis jeudi pour confirmer la candidature d’une femme innue.

Du côté du Parti québécois, les troupes comptent sur la candidature de Jacline Rouleau, de la Nation ojibwée, dans Abitibi-Est. Aucune femme autochtone n’a encore fait son chemin jusqu’au Salon bleu.

« Efforts » salués

Alexis Wawanoloath, qui a été le premier Autochtone élu à siéger à l’Assemblée nationale après l’obtention du droit de vote des Premières Nations en 1969, se réjouit que les formations politiques fournissent des « efforts » pour recruter des candidats autochtones.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Alexis Wawanoloath, avocat et ancien député péquiste

Que les partis politiques veuillent s’ouvrir à la diversité et à la réalité autochtone, c’est quand même un signal encourageant, et aussi que ce ne soit pas juste le parti de gauche qui le fasse.

Alexis Wawanoloath, avocat et ancien député péquiste

M. Wawanoloath, un Abénakis, évoque même ce qui semble devenir « un mouvement ».

« Est-ce que ce sont justement toutes les commissions, les différents drames et toute la conscientisation qu’il y a eu qui font que les partis font des efforts ? », demande-t-il.

L’avocat estime que la présence d’Autochtones au Salon bleu pourra faire progresser certains enjeux. « Sur la question du racisme systémique, par exemple, est-ce que s’il y avait plus d’Autochtones au sein du gouvernement, on aurait eu un autre son de cloche ? », soulève-t-il.

Difficile de mesurer la progression du nombre de candidats autochtones aux élections provinciales puisque Élections Québec ne recueille pas ces données. La scène fédérale attire historiquement plus de candidatures issues des peuples autochtones. En 2021, on y comptait 77 candidats autochtones, un nombre record, selon une compilation de La Presse Canadienne. « Il y a le lien fiduciaire avec le fédéral qui est là depuis plus longtemps », souligne M. Wawanoloath.

Un adversaire pour Martine Biron

Deuxième dans la région de Québec selon les sondages, le Parti conservateur du Québec présente un ex-conseiller municipal de Lévis, Mario Fortier, pour affronter la caquiste Martine Biron, ex-analyste politique à Radio-Canada, dans Chutes-de-la-Chaudière.

Le chef conservateur, Éric Duhaime, a soutenu lundi que sa formation se démarquait en présentant un « candidat enraciné » à Lévis, alors que la Coalition avenir Québec « parachute une journaliste de Sillery ».

M. Duhaime, résidant de Québec, avait songé à se présenter dans Chutes-de-la-Chaudière avant d’arrêter son choix sur Chauveau, dans la banlieue nord de la capitale. Mario Fortier a été conseiller municipal à Lévis de 2009 à 2021. Il a été le seul membre de l’équipe du maire Gilles Lehouillier à connaître la défaite l’automne dernier. Il a présidé la Société de transport de Lévis de 2017 à 2021.

Le premier ministre François Legault doit annoncer officiellement la candidature de Mme Biron mercredi. L’actuel député de Chutes-de-la-Chaudière, le caquiste Marc Picard, a annoncé plus tôt cet été qu’il ne solliciterait pas un autre mandat.

Blitz de candidatures

Par ailleurs, les formations politiques entament cette semaine un blitz d’annonces de candidats, signe que la campagne électorale est à nos portes. François Legault a confirmé lundi la candidature du maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, qui affrontera le député péquiste sortant, Joël Arseneau.

La CAQ annoncera ce mardi ses candidats dans Laval-des-Rapides et Sanguinet, où ele mise sur Christine Fréchette, ex-directrice adjointe du cabinet de Jean-François Lisée sous le gouvernement de Pauline Marois et ancienne PDG de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Vendredi, on fera connaître deux candidats en Outaouais.

Les libéraux donneront aussi un coup d’accélérateur avec la présentation de huit candidatures cette semaine. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, part quant à lui en tournée dans l’Est où il annoncera cette semaine celui qui tentera de succéder dans René-Lévesque à Martin Ouellet, qui ne sollicite pas de nouveau mandat.

La CAQ, Québec solidaire et le Parti conservateur du Québec auront très bientôt leurs 125 candidats sur les rangs, tandis que le Parti libéral et le Parti québécois tirent de l’arrière avec approximativement 70 et 60 candidats investis chacun.