(Ottawa ) L’ancien premier ministre du Québec Jean Charest confirmera jeudi son intention de briguer la direction du Parti conservateur du Canada. Il le fera à Calgary, en Alberta, une province considérée comme le bastion de la formation politique qu’il souhaite diriger, selon une annonce qui circule sur les médias sociaux.

Après quelques semaines de réflexion, après avoir été fortement courtisé par des élus conservateurs du Québec, et après avoir rencontré plus d’une quarantaine de députés et sénateurs conservateurs la semaine dernière à Ottawa, M. Charest tentera ainsi d’effectuer un retour en politique fédérale.

M. Charest a œuvré pendant 14 ans dans l’arène fédérale, de 1984 à 1998, avant de faire le saut en politique provinciale. À Ottawa, il a aussi dirigé le Parti progressiste-conservateur pendant cinq ans, de 1993 à 1998.

La nouvelle de la candidature de M. Charest a d’abord été rapportée par Le Devoir lundi soir. La Presse a pu confirmer cette information d’une source conservatrice. M. Charest a d’ailleurs obtenu lundi l’appui de la chroniqueuse politique Tasha Kheiriddin, qui a abandonné l’idée d’être elle-même candidate.

« Je vous demande de vous joindre à moi pour appuyer le candidat qui peut le mieux unifier le parti et remporter l’élection, l’hon. Jean J. Charest », a écrit Mme Kheiriddin sur Twitter.

« M. Charest partage ma vision d’un parti uni qui s’adresse à toutes les régions du pays, qui est inclusif et tourné vers l’avenir, a-t-elle ajouté. Un parti qui a une vision de l’économie, de l’énergie et de l’environnement qui peut gagner dans l’Ouest, dans le 905 et au Québec. »

Bataille à deux

Jusqu’ici, seul le député conservateur de Carleton, Pierre Poilievre, a confirmé sa candidature dans la course à la succession d’Erin O’Toole, qui s’est fait montrer la porte de sortie par une majorité des députés du caucus conservateur le mois dernier.

M. Charest avait indiqué vouloir attendre de connaître les règles de la course avant de confirmer sa décision. Or, le comité chargé d’organiser la campagne à la direction a dévoilé les règles mercredi soir dernier, le jour même où M. Charest rencontrait des députés et des sénateurs.

En vertu de ces règles, les candidats ont jusqu’au 19 avril pour confirmer leurs intentions. Les organisations des divers candidats auront jusqu’au 3 juin pour recruter de nouveaux membres. Les droits d’entrée s’élèvent à 200 000 $, en plus d’un dépôt de 100 000 $ remboursable une fois la course terminée. Enfin, le prochain chef sera choisi le 10 septembre.

Même si d’autres candidats pourraient se manifester, la course à la direction du Parti conservateur s’annonce essentiellement comme une bataille entre Pierre Poilievre et Jean Charest. Et tout indique que cette bataille sera rude.

Déjà, le camp de Pierre Poilievre multiplie les sorties pour dépeindre Jean Charest non pas comme « un vrai conservateur », mais comme un libéral du même acabit que Justin Trudeau parce qu’il s’est opposé au démantèlement du registre fédéral des armes à feu quand il était premier ministre du Québec, il a instauré une Bourse du carbone pour lutter contre les changements climatiques et il a augmenté la TVQ de deux points de pourcentage, occupant l’espace fiscal libéré par le gouvernement fédéral, qui a réduit la TPS également de deux points.

« Le premier ministre libéral Justin Trudeau et l’ancien premier ministre provincial libéral Jean Charest supportent des taxes sur les consommateurs. Je ne suis pas d’accord », a d’ailleurs pesté M. Poilievre dans une vidéo enregistrée la semaine dernière alors qu’il faisait campagne à Regina, en Saskatchewan.

M. Poilievre a d’ailleurs reçu vendredi l’appui de l’ancien chef conservateur Andrew Scheer, qui est toujours député à la Chambre des communes. M. Scheer a été en poste pendant deux ans. Il a remis sa démission quelques semaines après la défaite électorale d’octobre 2019.