Coup de théâtre dans le milieu syndical, alors que les syndicats représentant 300 000 employés de l'État ont annoncé qu'ils se retiraient de la table à laquelle devait être négociée la refonte du régime de négociation dans le secteur public.

Les syndicats représentant les infirmières, les enseignants, les techniciennes de la santé, les professionnels du gouvernement et les fonctionnaires ont ainsi fait savoir qu'ils ne voulaient plus participer à une «mascarade».Étonnamment, la CSN, une organisation majeure du secteur public, se montre plus modérée et dit ne pas comprendre ses cinq collègues qui se retirent de la table.

La refonte du régime de négociation dans le secteur public et parapublic avait été annoncée par la présidente du Conseil du trésor Monique Jérôme-Forget. Elle disait vouloir mettre fin au psychodrame qui a cours à chaque ronde de négociation et qui se termine soit par des conflits de travail, soit par des lois spéciales.

Un comité avait donc débuté ses travaux en septembre et devait les avoir terminés en décembre.

Comme les conventions collectives du secteur public viennent à échéance en 2010, des modifications auraient pu être apportées en 2009, à temps pour la prochaine ronde de négociation.

Au cours d'une rencontre avec la presse, mercredi à Montréal, la porte-parole du regroupement syndical, Lina Bonamie, a fait savoir que le comité n'avançait à rien, depuis septembre. «Deux mois plus tard, on en est encore aux discussions superficielles, à des données statistiques et à de l'échange d'informations», s'est-elle plainte.

«Tant et aussi longtemps que les représentants du gouvernement n'auront pas de mandat très clair et très ferme, on considère qu'il n'y a plus de sérieux à ces travaux-là, donc on n'a pas l'intention de perdre notre temps davantage», a lancé Mme Bonamie, aussi présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé, qui représente notamment les infirmières.

Les cinq ont l'intention de participer à la prochaine rencontre, parce qu'elle était déjà prévue, puis se retireront de la table.

Après l'élection seulement, ils réévalueront la situation.

Les syndicats voulaient ainsi discuter du maintien des services essentiels en temps de conflit, des clauses qui peuvent ou non être discutées lors des négociations et de ce qu'ils appellent le rééquilibrage des forces en présence. Ils voulaient aussi proposer un mécanisme d'arbitrage pour régler les conflits.

Le Secrétariat intersyndical des services publics regroupe la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Réaction

En entrevue, le premier vice-président de la CSN, Louis Roy, responsable de la négociation dans le secteur public et parapublic pour cette centrale, a dit ne pas comprendre l'attitude de ses cinq collègues. Il affirme que cette pause est simplement due à la campagne électorale et que toutes les parties savaient qu'il y aurait un tel ralentissement durant la campagne.

«Je suis un peu intrigué de leur position. Je suis un peu surpris de la teneur du discours», a-t-il confié.

«On ne pensait pas qu'ils allaient annoncer de façon aussi fanfaronne qu'ils mettaient fin à des travaux qui, de toute façon, sont déjà arrêtés, le temps de l'élection», s'est exclamé M. Roy.

La CSN compte 150 000 membres touchés par ces rondes de négociation.