(Ottawa) Le Canada remet 40 millions supplémentaires à des organisations non gouvernementales (ONG) qui aident les Palestiniens à Gaza, après avoir suspendu son financement à l’agence de l’ONU dans la région.

Ottawa précise mardi que 40 % de cette aide (16 millions) ira au Programme alimentaire mondial. Le reste sera réparti entre l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour la population, l’Organisation mondiale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Quelque 5 millions supplémentaires ont par ailleurs été réservés à des ONG canadiennes « qui ont de l’expérience ».

« Depuis les débuts de la crise, notre position a toujours été centrée sur la ferme conviction qu’il faut accroître l’aide et non la diminuer, et elle continue de l’être, a indiqué dans un communiqué le ministre du Développement international, Ahmed Hussen.

« Conformément à cet engagement, nous accordons un financement d’urgence supplémentaire pour que nos partenaires fiables et expérimentés du secteur humanitaire puissent continuer à veiller à ce que ce financement vienne en aide aux personnes plus vulnérables lorsqu’elles en ont besoin. »

Contrairement à ce que laissait entendre le ministre Hussen, lundi, Médecins sans frontières ne reçoit pas de financement du gouvernement canadien pour son travail à Gaza, a indiqué l’organisation, mardi. « Le travail que mènent nos équipes à Gaza est entièrement financé par des dons privés. Il s’agit là d’un choix opérationnel qui protège et respecte nos valeurs profondes d’impartialité, de neutralité et d’indépendance », a affirmé Jason Nickerson, représentant humanitaire au Canada pour Médecins sans frontières.

Les allégations contre l’UNRWA

Le Canada a suspendu tout financement supplémentaire à l’UNRWA, l’agence des Nations unies qui soutient les Palestiniens à Gaza, et y emploie environ 13 000 personnes, en réponse aux allégations selon lesquelles certains de ses employés auraient joué un rôle dans les violentes attaques du Hamas en Israël le 7 octobre.

Cette décision fait suite au tollé international provoqué par le licenciement, par le directeur de l’agence, de neuf membres du personnel soupçonnés d’être impliqués dans l’attaque. L’ONU avait condamné ces « actes odieux présumés ».

Un document israélien détaillant ces allégations a été obtenu lundi par l’Associated Press. Sept employés de l’UNRWA auraient fait irruption en Israël le 7 octobre. L’un d’entre eux aurait participé à un enlèvement et un autre aurait participé au vol du corps d’un soldat. Trois autres personnes sont également accusées d’avoir participé aux attentats.

Dix employés ont été répertoriés comme ayant des liens avec le Hamas et un avec le groupe militant du Djihad islamique, a rapporté AP. Deux des 12 personnes ont été tuées, selon le document. L’ONU avait précédemment déclaré que l’un d’entre eux n’était pas encore formellement identifié.

Les allégations n’ont pas pu être confirmées de manière indépendante.

Le ministre Hussen a refusé de dire si les 40 millions annoncés mardi étaient de l’argent qui aurait été versé de toute façon à l’UNRWA. Il n’a pas non plus précisé à quel moment remonte le dernier versement du Canada à cette agence.

Dans le passé, « l’argent destiné à Gaza était distribué par l’intermédiaire de l’UNRWA et ils l’utilisaient pour acheminer l’aide humanitaire indispensable », a-t-il expliqué mardi matin. Le soutien à long terme à l’agence sera affecté par la suspension des versements, a ajouté le ministre Hussen.

L’UNRWA a déclaré qu’elle serait contrainte d’arrêter ses activités d’ici la fin de février si le financement n’était pas rétabli. Depuis le début de la guerre, la plupart des 2,3 millions d’habitants de Gaza dépendent des programmes de l’agence pour leur survie de base.

Une coalition de 20 ONG, dont le Conseil norvégien pour les réfugiés, Oxfam et Save the Children, a également appelé au rétablissement du financement, affirmant que l’acheminement de l’aide humanitaire par l’UNRWA ne peut être remplacé.

« Le Canada continuera de travailler avec l’UNRWA et d’autres donateurs pour appuyer l’enquête sur les allégations graves et très préoccupantes qui ont été portées, tout en respectant son engagement à aider les civiles et civils palestiniens les plus vulnérables de la région », a indiqué Affaires mondiales dans un communiqué.

La déclaration appelle également à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre à davantage d’aide d’entrer dans la bande de Gaza et réitère l’appel du Canada en faveur d’une solution à deux États dans la région.

L’attaque du Hamas a fait 1200 morts en Israël et environ 250 personnes ont été prises en otage à Gaza, selon les autorités israéliennes. On estime qu’une centaine d’otages sont encore en vie et détenus dans le territoire assiégé.

Depuis le 7 octobre, Israël a bombardé Gaza depuis les airs et par mer et a mené une vaste opération militaire sur le terrain. Le ministère de la Santé de Gaza estime que plus de 26 000 Palestiniens ont été tués.

Le Canada a jusqu’à présent engagé 100 millions pour l’aide humanitaire à Gaza.