(Ottawa) Les leaders autochtones du Canada ont élu mercredi au poste de cheffe nationale Cindy Woodhouse, connue pour avoir récemment négocié un accord historique pour les familles victimes de discrimination par le système de protection de l’enfance.

Originaire du Manitoba, dans le centre du pays, elle prend la tête de l’Assemblée des Premières Nations (APN), représentant des centaines de communautés à travers le pays. Cindy Woodhouse a souligné les défis à venir pour les peuples autochtones.

« Je dis au Canada et aux Canadiens : “nous avons besoin de votre soutien” », a déclaré Cindy Woodhouse dans un discours devant les représentants des communautés autochtones.  

« Je sais qu’il nous reste beaucoup de travail à accomplir », a-t-elle ajouté.

Les descendants des premiers peuples du pays (Inuits, Cris, Dénés, Métis…) représentent 5 % de la population canadienne et vivent encore dans des communautés souvent marquées par la pauvreté, le chômage, le mal logement et les discriminations.

PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

Cindy Woodhouse et David Pratt

« Nous avons besoin d’un chef qui nous rassemblera, qui travaillera avec nous et qui écoutera notre voix et les enjeux auxquels nous sommes confrontés », a confié à l’AFP Karen Bird, cheffe d’une communauté crie dans la province de la Saskatchewan, dans le centre du pays.

« La prochaine cheffe nationale aura beaucoup de pain sur la planche », a commenté le chef sioux Tony Alexis, de l’Alberta, dans l’ouest du Canada.

Cindy Woodhouse doit remplacer RoseAnne Archibald qui avait été suspendue l’an passé après des accusations de harcèlement, un scandale qui a affaibli l’APN.

En avril dernier, Cindy Woodhouse avait mené la bataille pour obtenir une indemnisation pour les enfants et leurs proches lésés par le système de la protection de la jeunesse. L’État va verser plus de 23 milliards de dollars canadiens à ces familles.

Le Canada a accordé ces dernières années des milliards de dollars de dédommagement aux descendants des premiers habitants du pays pour les « préjudices » subis pendant un siècle.

Les découvertes récentes de nombreuses tombes anonymes d’enfants près de pensionnats pour autochtones a provoqué une onde de choc dans le pays.

Elles ont remis en lumière un sombre chapitre de l’histoire coloniale du Canada et sa politique d’assimilation forcée, considérée depuis 2015 comme un « génocide ».

De la fin du XIXe siècle aux années 1990, quelque 150 000 enfants autochtones ont été placés de force dans 139 pensionnats, aujourd’hui fermés, ou ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.

L’APN a déclaré récemment « s’efforcer d’obtenir un financement et des ressources pour la récupération de leurs dépouilles ».