(Halifax) Les résidants des Maritimes doivent se préparer à des vents dévastateurs, de grosses vagues, des inondations et des pannes de courant, alors que l’ouragan Lee devrait se transformer, samedi, en une vaste et puissante « dépression post-tropicale » après avoir pénétré dans les eaux canadiennes.

Le Centre canadien de prévision des ouragans à Halifax a déclaré, jeudi, que la trajectoire de Lee pourrait emporter la tempête n’importe où entre le sud-ouest du Nouveau-Brunswick et le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Toutefois, l’immensité de la tempête fait en sorte que son point d’atterrissage ne signifiera pas grand-chose.

Lorsque Lee passera d’un ouragan de catégorie 1 à une dépression post-tropicale, les météorologues affirment que le phénomène météorologique restera une menace, car il s’étendra et conservera une grande partie de sa force sur une zone s’étendant sur 300 kilomètres de son centre.

Environnement Canada a émis des veilles d’ouragan pour les comtés de Digby, Queens, Shelburne et Yarmouth, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, où des vents de « force ouragan » pourraient atteindre 120 km/h.

De même, une veille d’ouragan reste en vigueur pour l’île Grand Manan et le littoral du comté de Charlotte, au Nouveau-Brunswick, où les rafales dans la baie de Fundy pourraient également atteindre 120 km/h.

« Ce sont les régions qui connaîtront les vents les plus forts, a prévenu jeudi le météorologue Bob Robichaud lors d’un point de presse diffusé en ligne. Il y aura beaucoup d’autres régions dans les Maritimes où il y aura du vent, mais sans vents destructeurs. »

Les vents les plus forts devraient abattre des arbres et couper l’électricité, a indiqué le Centre.

Les résidants du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et ceux qui vivent près de la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick, sont également prévenus que des niveaux d’eau beaucoup plus élevés pourraient entraîner des inondations localisées et des vagues dangereuses.

Le long du littoral atlantique, les vagues déferlantes devraient atteindre quatre à six mètres. Des conditions difficiles sont également attendues autour de la baie de Fundy, du golfe du Maine et du district maritime du sud-ouest des Maritimes.

Les grosses vagues et l’onde de tempête pourraient entraîner des inondations côtières pendant la marée haute, vers midi samedi, dans le comté de Shelburne, puis pendant la marée haute tard samedi, le long de la côte de la Nouvelle-Écosse, du comté de Queens jusqu’à l’est du comté d’Halifax.

Préparation en cours

Pendant ce temps, les files d’attente pour les recharges de propane étaient répandues dans toute la région. Le long de la côte sud du Nouveau-Brunswick, à Saint George, les résidants affluaient vers la quincaillerie pour récupérer des lampes de poche, des piles et des bougies.

Lindy Sullivan-Koteff, directrice du Boyd Bros. Home Hardware Building Centre, a raconté que le magasin avait vendu trois génératrices, jeudi. Normalement, il en vend une par mois.

« De nombreux clients se sont procuré du matériel aujourd’hui pour se préparer, pour attacher les choses », a-t-elle souligné.

À Grand Manan, les résidants ramassaient ou attachaient tout ce qui pouvait devenir un projectile dans le cas de forts vents, a affirmé Melanie Sonnenberg, directrice générale de l’administration portuaire de l’île.

« Les tempêtes ne sont pas rares ici, mais une tempête de force ouragan est un peu différente, a-t-elle évoqué, lors d’une entrevue. Nous réfléchissons donc à ce qui va se passer. »

Au Centre canadien de prévision des ouragans à Halifax, M. Robichaud a déclaré qu’il n’y avait pas beaucoup d’inquiétude concernant les ondes de tempête autour de la baie de Fundy, car l’arrivée de la tempête ne coïnciderait pas avec les marées les plus hautes du mois.

« Nous ne prévoyons pas de problème majeur, a-t-il affirmé. Compte tenu de l’intensité de la tempête et de sa trajectoire, elle ne semble pas être trop grave pour le moment. »

Jeudi après-midi, l’ouragan de catégorie 1 se trouvait à l’ouest des Bermudes, produisant des vents soutenus soufflant à 140 km/h.

Déjà des précipitations

Entre-temps, des veilles de tempête tropicale ont été émises pour la moitié ouest de la Nouvelle-Écosse et le sud du Nouveau-Brunswick, notamment le comté de Saint John, le parc national Fundy et Moncton. Ces zones, qui s’étendent jusqu’à Halifax, pourraient connaître des vents soufflant à 60 km/h avec des rafales pouvant atteindre 100 km/h.

Avant la tempête, un système météorologique distinct a déversé de la pluie sur une grande partie de la région, jeudi. D’autres précipitations étaient attendues vendredi.

« Ces bandes sont très difficiles à prévoir, mais il faut savoir qu’elles présenteront un risque d’inondation bien avant l’arrivée de Lee. Jusqu’à présent, près de 30 mm de pluie sont tombés en peu de temps aujourd’hui (jeudi) dans la région de Digby. Ces effets complexes sont indirectement liés à l’ouragan. De la pluie supplémentaire provenant de Lee lui-même pourrait exacerber le risque d’inondation », a affirmé le Centre de prévision des ouragans, par voie de communiqué.

Avec le dernier déplacement vers l’est par rapport à la trajectoire prévue par Lee, les météorologues affirment que la menace de pluies plus fortes s’est déplacée vers l’ouest de la Nouvelle-Écosse, le centre du Nouveau-Brunswick et vers le nord, dans la région de Gaspé au Québec et sur la Basse-Côte-Nord de la province. Des précipitations totales supérieures à 100 millimètres sont possibles dans certaines régions, en particulier dans les zones situées à gauche de la trajectoire de la tempête.

« Le sol est saturé, a dit M. Robichaud. Nous avons reçu des précipitations extrêmes sur la majeure partie de la Nouvelle-Écosse au cours de l’été. Cela ne va certainement pas aider. »

Il a néanmoins indiqué que la plupart des parties du centre et de l’est de la Nouvelle-Écosse éviteraient les averses les plus violentes.

À la lumière des précipitations attendues, la Ligue de hockey junior majeur du Québec a annoncé jeudi soir que le match pré-saison prévu vendredi entre les Mooseheads d’Halifax et les Eagles du Cap-Breton ne serait pas disputé.

À l’Île-du-Prince-Édouard, qui a subi d’importants dégâts il y a un an lors de la tempête post-tropicale Fiona, les responsables ont souligné qu’ils ne s’attendaient pas à un impact majeur de la part de Lee. Ils ont toutefois encouragé les résidants à revoir les plans d’urgence et à se préparer à des vents soufflant à 80 km/h, de fortes pluies et d’éventuelles ondes de tempête.