Des groupes de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick demandent des enquêtes dirigées par des Autochtones après la mort de membres des Premières Nations dans les prisons provinciales, et demandent des changements systémiques dans le système de justice.

Des groupes qui défendent les femmes et la justice en Nouvelle-Écosse demandent des enquêtes dirigées par les Mi’kmaq sur le décès cette année de deux membres des Premières Nations – Sarah Rose Denny, 36 ans, et Peter Paul, 27 ans – dans le système judiciaire provincial.

Au Nouveau-Brunswick, la nation Wolastoqey souhaite que la province lance une enquête dirigée par des Autochtones sur le racisme systémique dans le système de justice après la conclusion d’une enquête sur la mort de Skyler Sappier-Soloman, âgé de 28 ans.

« Nous savons que les Autochtones, en particulier les femmes autochtones, constituent la population carcérale qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. Nous savons que c’est parce que nous avons tellement laissé tomber les Autochtones pendant si longtemps », a déclaré l’avocate Emma Halpern de la Société Elizabeth Fry. Nous devons en tirer des leçons, sinon cela va continuer à se produire. »

Me Halpern représente la famille de Sarah Rose Denny. Elle affirme que Mme Denny est décédée à l’hôpital d’une pneumonie après avoir été transférée de l’établissement correctionnel Central Nova Scotia, situé dans une banlieue d’Halifax, à Dartmouth.

Elle est décédée moins de deux semaines après son arrestation, a indiqué Me Halpern dans une entrevue vendredi, ajoutant que les agents qui l’avaient arrêtée avaient été informés que Mme Denny était malade.

Me Halpern a expliqué que Mme Denny avait été arrêtée pour avoir enfreint la condition de rester chez sa mère pendant son assignation à résidence. Mais la mère de Mme Denny a un cancer en phase terminale, alors quand Mme Denny est tombée malade, elle est allée vivre avec son petit ami, a expliqué Me Halpern. « C’est une tragédie que Sarah soit en prison », a-t-elle déclaré.

Elle demande au nom de la famille que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse lance une enquête dirigée par les Mi’kmaq sur la mort de Mme Denny.

Un jury donne ses recommandations

Peter Paul s’est suicidé en janvier alors qu’il était détenu à l’établissement correctionnel du Cap-Breton. Mercredi, le cabinet d’avocats à but non lucratif Prisoner Advocacy and Transformational Hub et la East Coast Prison Justice Society ont écrit au ministre provincial de la Justice pour lui demander d’ouvrir une enquête sur les décès dirigée par les Mi’kmaq, avec le soutien de leurs familles.

Le porte-parole du ministère de la Justice de la Nouvelle-Écosse, Peter McLaughlin, a qualifié la mort de Mme Denny et de M. Paul de « déchirante ». La division des services correctionnels a mené des examens internes sur ces deux décès, a-t-il déclaré dans un courriel.

« Les informations issues d’une enquête menée par le service du médecin légiste de la Nouvelle-Écosse seront également examinées par le ministère. Nous prévoyons de prendre une décision sur les prochaines étapes bientôt », a-t-il écrit.

M. Sappier-Soloman est décédé à l’hôpital le 31 janvier 2022, deux jours après son transfert du Centre correctionnel régional de Saint John. Une enquête du coroner de trois jours sur sa mort s’est terminée jeudi et comprenait les témoignages de 23 témoins.

Un communiqué de presse jeudi de la nation Wolastoqey indique que le jury de cinq membres a appris que M. Sappier-Soloman avait été placé dans une cellule avec un détenu qui avait été testé positif à la COVID-19. Le communiqué indique qu’il a été transporté à l’hôpital trois jours après avoir commencé à se plaindre de douleurs à la poitrine et de difficultés respiratoires. Le personnel de la prison lui a donné des comprimés de Tylenol et d’Advil, selon le communiqué.

« Il y avait un contraste choquant entre le témoignage compatissant et attentionné fourni par le personnel de l’hôpital et le niveau d’ambivalence affiché par le personnel du centre correctionnel dans cet incident », a soutenu le chef de la Première Nation Neqotkuk, Ross Perley, dans un communiqué. « Je n’ai aucune confiance, après avoir participé à cette enquête, que d’autres Autochtones ne courront pas le même risque pour leur vie dans les établissements correctionnels provinciaux. »

Le jury a formulé plus de 20 recommandations, notamment de veiller à ce que les détenus soient contrôlés toutes les 15 minutes et qu’on leur demande comment ils vont lorsqu’ils sont placés dans une cellule médicale. Le jury a également recommandé que les infirmières puissent entrer dans une cellule médicale et surveiller un détenu, et que les responsables « fournissent des soins médicaux et des services de santé mentale en cas de besoin ».