(Moncton) L’Université de Moncton a lancé un processus pour possiblement changer son nom, qui est associé à Robert Monckton, un officier militaire britannique impliqué dans l’emprisonnement et la déportation des Acadiens.

La plus grande université canadienne francophone hors Québec a indiqué qu’elle nommera deux responsables pour étudier une demande populaire pour un changement de nom. L’examen en question étudiera les répercussions politiques, sociales, légales, économiques et réputationnelles d’une telle décision.

Plus de mille personnes ont signé une pétition cette année pour éliminer tout lien de l’université avec Robert Monckton. Plusieurs politiciens, avocats et artistes ont aussi appelé au changement de nom.

« Notre université est à l’écoute de ses communautés. Nous le faisons en toute transparence et dans le respect de nos valeurs institutionnelles », a déclaré le recteur et vice-chancelier Denis Prud’homme dans un communiqué.

L’établissement a été fondé en 1963 et doit son nom à la ville de Moncton, où est situé l’un de ses trois campus. Il s’agit de la ville la plus populeuse du Nouveau-Brunswick.

Moncton est le lieu de résidence de nombreux Acadiens. Durant la Grande Déportation, au XVIIIe siècle, des milliers d’entre eux ont été expulsés par les autorités britanniques. Nombreux sont ceux qui ont péri de maladie ou de famine.

« Une décision aussi cruciale que de changer le nom ou pas de l’Université nécessite un processus rigoureux, a ajouté Denise Frenette, la vice-présidente du Conseil de l’Université. Voilà pourquoi les membres du Conseil ont besoin davantage d’information et de données probantes pour être en mesure de prendre une décision éclairée. Nous laisserons aux responsables le soin de s’acquitter de leur mandat avec toute l’indépendance requise. »

Les questionnements sur le nom de l’université surviennent alors que le Canada est confronté à des pans sombres de son histoire et remet en question la manière dont il commémore des figures historiques liées au racisme, au sexisme et à l’esclavage.

En Nouvelle-Écosse voisine, plusieurs communautés ont retiré le nom Cornwallis des propriétés municipales. Une statue de l’officier militaire Edward Cornwallis a aussi été retirée d’un parc à Halifax.

Celui qui a été gouverneur de la province est le père de la Proclamation de la scalpation de 1749, qui offrait une prime à quiconque tuait hommes, femmes ou enfants mi’kmaq.

L’Université métropolitaine de Toronto était autrefois nommée Université Ryerson, d’après Egerton Ryerson, qui a participé à la création du système des pensionnats pour enfants autochtones

D’autres pays ont eux aussi entamé une réflexion semblable. Les États-Unis sont aux prises avec l’héritage de la Confédération, alors que le Royaume-Uni a décidé de retirer des monuments en l’honneur d’esclavagistes et de colonialistes.