(James Smith Cree Nation) Près de trois mois après avoir perdu sa femme et un fils dans la tuerie survenue en Saskatchewan, Brian Burns ne veut pas revenir chez lui.

M. Burns raconte que ce qui lui manque le plus, ce sont les petites choses, comme boire un café avec sa femme, le matin.

Depuis ce jour fatidique, rien n’est plus pareil : le café n’est plus aussi bon, les blagues ne sont plus aussi drôles.

« Ne plus lui parler et échanger des plaisanteries me manquent, ajoute-t-il en retenant ses larmes. Je m’assurais de préparer du café pour elle avant qu’elle parte travailler. »

En septembre, 11 personnes ont été tuées et 18 autres blessées sur le territoire de la nation crie James Smith et dans le village voisin de Weldon, à 170 km au nord-est de Saskatoon.

Âgé de 32 ans, le suspect, Myles Sanderson, est mort alors qu’il était détenu par la police.

Plusieurs résidences sont devenues des scènes de crime sur le territoire de la nation crie qui compte environ 1900 habitants. Même après le départ des enquêteurs, certaines familles, toujours anéanties par la tuerie, ne caressent même pas l’idée d’un retour à la maison.

« La douleur persiste », lance le chef Wally Burns.

Le chef que quatre familles, dont celle de Brian Burns, hésitent à revenir là où elles habitaient. Les autorités de la Première Nation tentent de trouver des solutions, notamment en installant des maisons préfabriquées. Toutefois, le tout nécessite un financement du gouvernement fédéral.

« Le processus gouvernemental est lent. », déplore-t-il.

Le ministère des Services aux Autochtones n’a pas répondu à une demande d’entrevue.

Brian Burns a donc perdu sa femme Bonnie, âgée de 48 ans, et son Gregory, âgé de 28 ans. Le couple avait trois autres enfants, dont un adolescent de 14 ans qui a été poignardé au cours de l’agression.

Son père dit que cet enfant est encore trop bouleversé pour avoir envie de retourner à la maison. Aujourd’hui, il souhaite la raser par les flammes et construire un monument et installer trois croix à la place.

« Quand un meurtre est commis chez soi, on est censé brûler la place et rebâtir à zéro. Je ne fais que respecter la coutume que m’a apprise la tradition. »

Brian Burns vit dans un hôtel de Melfort, à environ 40 km du territoire autochtone, en compagnie de ses trois autres fils, de la grand-mère et d’un grand-fils.

« Nous sommes fatigués de la vie à l’hôtel. Nous sommes fatigués d’aller chercher des repas tout préparés. On a juste hâte de préparer nos repas et d’avoir notre chez-soi. »

Il souligne avoir reçu un grand soutien, ce qui est très important pour sa famille. On lui a dit qu’il pourra déménager dans une maison préfabriquée prête à l’accueillir, mais il ne sait pas quand il pourra le faire.

En attendant, il espère pouvoir louer un logement à Melfort, afin que ses enfants puissent passer Noël chez eux.

Noël a toujours été un moment important pour sa femme. Tout le monde se rassemblait pour partager un repas et de l’amour, raconte M. Burns. Cette année, des chaises seront vides, mais il continue de faire son possible.

« Bonnie et moi préparions un grand repas, dit-il en sanglotant. Je vais m’assurer que nos garçons recevront un cadeau. Je vais m’assurer de préparer une dinde. Il se peut que cela se déroule dans une chambre d’hôtel, mais je ne l’espère pas. »