(Ottawa) Quarante candidats – un nombre record – brigueront les suffrages lors de l’élection partielle qui aura lieu le 12 décembre dans la circonscription fédérale de Mississauga-Lakeshore, en Ontario.

De ce nombre, 34 candidats indépendants seront sur les rangs pour une raison fort simple : dénoncer l’abandon de la promesse de Justin Trudeau de réformer le mode de scrutin.

Le chef du Parti Rhinocéros, Sébastien CoRhino, est aussi sur les rangs pour la même raison. Et c’est lui qui a réussi à recruter les candidats indépendants afin de souligner la déception de certains concernant le mode de scrutin, qui n’a jamais fait l’objet d’une réforme.

Tous ces candidats ont été confirmés par Élections Canada mercredi. Élections Canada doit d’ailleurs produire un bulletin de vote différent pour être en mesure d’y faire figurer cette longue liste de candidats. Il y aura deux colonnes de 20 candidats sur le bulletin de vote.

Se présenter pour dénoncer

Le précédent record – 21 candidats – avait été établi aux dernières élections fédérales, en septembre 2021, dans la circonscription de Saint-Boniface–Saint-Vital, dans la région de Winnipeg. M. CoRhino était aussi à l’origine de cette longue liste de candidats pour dénoncer la volte-face du gouvernement Trudeau sur la réforme du mode de scrutin.

Il faut une réforme du mode de scrutin. Que ce soit Justin Trudeau ou tout autre premier ministre, quand ils arrivent au pouvoir, ils ne le font pas. C’est un peu comme si le gagnant de la Coupe Stanley écrivait les règles qui vont s’appliquer durant la saison suivante.

Sébastien CoRhino, chef du Parti Rhinocéros

« Notre mode de scrutin, c’est un Parlement de Westminster qui est vieux de 250 ans. […] Il ne reflète pas la réalité au Canada. C’est très grave », a-t-il ajouté.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK SÉBASTIEN CORHINO, RHINO DEALER AND CANDIDATE IN MISSISSAUGA-LAKESHORE

Sébastien CoRhino, chef du Parti Rhinocéros

Selon le politologue Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill, l’élection partielle dans Mississauga-Lakeshore va demeurer essentiellement une bataille entre le Parti libéral et le Parti conservateur malgré le nombre record de candidats.

L’ancien ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, porte les couleurs du Parti libéral. Le policier Ron Chhinzer, qui compte une vingtaine d’années de service au sein du Service régional de la police de Peel à Mississauga, porte les couleurs du Parti conservateur.

Une « distraction » qui pourrait « faire des petits »

« C’est une circonscription libérale, même si les conservateurs ont une chance. Les libéraux ont une grosse pointure. Charles Sousa, c’est quand même un ancien ministre des Finances. Les 40 candidats, c’est une distraction. Mais ça pourrait donner des idées à d’autres et faire des petits. On pourrait voir cela ailleurs éventuellement. Ce sont des candidats indépendants qui se parachutent eux-mêmes dans la circonscription », a-t-il noté.

Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, estime aussi que l’issue du scrutin sera peu affectée par la brochette de candidats indépendants. « Je ne crois pas que ces candidats vont aller manger dans les plates-bandes des autres partis, sauf peut-être les partis plus à gauche comme le Parti vert ou le NPD, qui souhaitent aussi une réforme du mode de scrutin. Si on regarde l’exemple dans la région de Winnipeg, ça n’a pas eu d’effet non plus », a-t-elle dit.