La rentrée a convaincu plusieurs Canadiens de reprendre le transport collectif. En septembre, près de 121 millions de déplacements ont été recensés, pour atteindre un niveau d’achalandage pré-pandémique d’environ 74 %, un sommet depuis mars 2020.

Dans un rapport paru lundi, Statistique Canada attribue notamment ces hausses marquées au « retour des travailleurs sur leur lieu de travail — à temps plein et en mode hybride — et la réouverture des écoles ». En septembre dernier, le niveau d’achalandage pré-pandémique dans le transport collectif était précisément de 73,5 %, par rapport au même mois en 2019.

Une nuance importante s’impose toutefois : si le nombre de passagers du transport en commun est en constante progression depuis mars 2020, il est encore loin des niveaux d’avant la pandémie. En septembre 2022, on a en effet enregistré 43,4 millions de déplacements de moins qu’en septembre 2019.

Sur une année, la hausse est toutefois claire. Au total, environ 120,6 millions de déplacements de passagers ont été effectués sur les réseaux de transport, une hausse de 46,7 %, ou 38,4 millions de déplacements, par rapport à septembre 2021, notent les statisticiens du gouvernement fédéral.

Ceux-ci ont d’ailleurs recensé une hausse de pratiquement 25 % en septembre par rapport à août, soit 24 millions de déplacements supplémentaires. C’est la plus forte hausse brute d’un mois à l’autre depuis deux ans. En moyenne, la hausse d’août à septembre est plutôt de l’ordre de 12 %. Selon les chiffres des autorités, septembre 2022 était le 18e mois consécutif « à afficher une croissance d’une année à l’autre et du total mensuel le plus élevé enregistré en deux ans et demi ».

Plusieurs facteurs expliquent la tendance. D’abord, il semble clair que beaucoup moins de personnes travaillaient à domicile en septembre 2022. « La rentrée scolaire, le retour sur le lieu de travail et la hausse des prix de l’essence ont tous contribué au niveau record d’usagers du transport en commun atteint depuis le début de la pandémie », analyse en ce sens Statistique Canada.

Encore délicat financièrement

Du côté des finances, la situation s’améliore aussi, mais les déficits des sociétés de transport sont encore un enjeu bien réel. En septembre, les recettes d’exploitation totales des opérateurs, excluant les subventions, ont été d’environ 273 millions, une hausse de 44,3 %, soit 83,8 millions en plus par rapport à septembre 2021.

Il s’agit là aussi « du niveau le plus élevé enregistré depuis mars 2020 ». Mais voilà, ce chiffre demeure encore en baisse d’environ 26 %, l’équivalent de 96 millions annuellement, par rapport à septembre 2019.

Dans le Grand Montréal, le manque à gagner de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) est évalué à environ 500 millions de dollars pour l’année prochaine, sur un budget de 3,2 milliards. Ce déficit est surtout causé par la perte d’achalandage — on se situe à environ 75 % du niveau prépandémique en moyenne dans la métropole —, mais aussi par le déficit d’entretien structurel des infrastructures et la mise en service du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, qui engendre des dépenses d’environ 75 millions.

Réduire les tarifs ou offrir la gratuité pour certains usagers, comme ça se fait ailleurs dans le monde, serait difficile dans ce contexte, avait estimé le directeur général de l’organisme, Benoît Gendron, en entrevue avec La Presse récemment. « Il me manque 500 millions et si je donne la gratuité, je suis rendu à 1,5 milliard. Mais est-ce que ça vaudrait la peine d’investir 1,5 milliard au niveau du gouvernement ? Je serais le premier à dire "hourra !" », avait-il alors illustré.