(Ottawa) La vérificatrice générale du Canada affirme que le gouvernement n’a toujours pas accordé aux communautés des Premières Nations le soutien dont elles ont besoin pour répondre aux urgences comme les incendies de forêt et les inondations, même si son bureau avait agité un drapeau jaune il y a près de dix ans.

Dans un rapport publié mardi sur la gestion des urgences par le ministère des Services aux Autochtones, le bureau de Karen Hogan conclut que bien peu de choses ont changé depuis un précédent audit en 2013.

Le rapport de la vérificatrice générale indique que le ministère a tendance à réagir aux urgences au lieu de prendre des mesures préventives, en investissant en amont dans les infrastructures, pour atténuer les dommages en cas d’inondations, d’incendies et de glissements de terrain.

Le rapport a souligné que 112 projets de ce type avaient été jugés admissibles par le ministère, mais n’avaient pas encore été financés. « Tant que ces projets ne seront pas achevés, les collectivités des Premières Nations continueront probablement de vivre des situations d’urgence qui auraient pu être évitées si des investissements avaient été faits dans les bonnes infrastructures », lit-on dans le rapport.

La vérificatrice estime qu’il y a eu au cours des 13 dernières années plus de 1300 situations d’urgence dans les communautés des Premières Nations, qui ont entraîné plus de 580 évacuations touchant plus de 130 000 personnes. Le rapport souligne que ces chiffres ne devraient qu’augmenter, compte tenu des impacts du changement climatique.

Pendant ce temps, indique Mme Hogan, le ministère dépense trois fois et demie plus d’argent pour aider les Premières Nations à se remettre d’une catastrophe qu’il n’en dépense pour les aider à se préparer.

« Il est probable que Services aux Autochtones Canada engage des coûts importants pour intervenir dans des situations d’urgence au sein des collectivités des Premières Nations — et pour les aider à se rétablir par la suite —, alors que de telles urgences pourraient être évitées ou atténuées, estime la vérificatrice.

« Les Premières Nations continueront d’être particulièrement vulnérables aux urgences si elles ne reçoivent pas un soutien adéquat pour s’y préparer et en atténuer les répercussions. »

Mme Hogan a fait une série de recommandations, que le ministère dit avoir acceptées. Elle a également souligné que les problèmes signalés par son bureau en 2013 n’avaient pas été résolus, notamment une recommandation demandant à Ottawa d’identifier les communautés des Premières Nations les moins équipées pour gérer une urgence.

« Un tel recensement permettrait au ministère d’affecter les investissements à ces collectivités, par exemple pour des projets de construction de ponceaux et de digues pour prévenir les inondations saisonnières, et ainsi éviter les coûts de certaines activités d’intervention d’urgence et de rétablissement », lit-on dans le rapport.