Des centaines de personnes, anciens combattants, militaires en service, policiers, politiciens, consuls, civils et curieux, notamment, se sont réunies vendredi matin place du Canada à Montréal à l’occasion de la cérémonie du jour du Souvenir.

Le premier ministre du Québec François Legault, la mairesse de Montréal Valérie Plante et le ministre canadien des Relations Couronne-Autochtones Marc Miller ont pris part à la commémoration et déposé des gerbes de fleurs au pied du cénotaphe honorant les combattants ayant participé aux deux guerres mondiales et à la guerre de Corée.

En mêlée de presse, le premier ministre Legault a entre autres évoqué la « dette énorme » de tous les citoyens à l’endroit de ceux qui ont fait l’ultime sacrifice au champ d’honneur.

« C’est important pour moi d’être ici aujourd’hui, pour se souvenir, a dit M. Legault. On a un devoir de mémoire. Il y a des hommes, des femmes, courageux, courageuses, qui sont allés défendre nos valeurs de liberté, nos valeurs de démocratie. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que lors de la Seconde Guerre mondiale, des jeunes de 18, 20, 25 ans ont quitté. Je me mets à la place des parents qui, parfois, n’ont pas vu leurs jeunes revenir… mourir pour la liberté, pour notre démocratie. Je pense qu’on a une dette énorme envers tous ceux qui l’ont fait. »

M. Legault s’est aussi arrêté à l’actualité en évoquant le conflit en Ukraine, où « il y a encore des victimes de guerre ».

L’Ukraine qui se défend contre l’agression russe depuis le 24 février 2022, et même depuis 2014, date de l’annexion de la Crimée, était d’ailleurs au cœur des préoccupations des participants.

Ainsi, dans sa prière, le major Michel Martin, aumônier des Forces armées canadiennes, a déclaré : « Nos pensées et nos prières vont pour la paix en Ukraine et en Russie. »

De plus, des membres du Congrès des Ukrainiens canadiens faisaient partie des délégations venues déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des anciens combattants.

« C’est spécial, a dit le président de la section Québec, Michel Shwec, à La Presse. On tient à remercier toutes les Forces canadiennes. On sait que plus de 50 000 Ukrainiens canadiens ont servi durant la Seconde Guerre mondiale. On doit honorer leurs sacrifices. »

Et qu’en est-il de l’aide canadienne dans le présent conflit avec la Russie ? « On a toujours besoin d’aide, répond-il. Mais le Canada, à travers le projet UNIFIER, a mis tous les efforts pour entraîner les forces ukrainiennes depuis 2014. [Il en fait] beaucoup, beaucoup. Nous le remercions. »

Témoignages

À l’image de toutes les cérémonies du 11 novembre, celle de Montréal a été empreinte d’une grande solennité, avec hymnes nationaux, sonnerie aux morts, airs de cornemuse, dépôt de gerbes de fleurs, dont une de vétérans canadiens au Viêtnam, passage de deux hélicoptères de la Force aérienne et coups de canon qui faisaient s’envoler des nuées d’oiseaux autour des édifices du centre-ville.

Trois anciens combattants ont brièvement salué leurs camarades en français, en anglais et en mohawk.

« Il est très important d’honorer nos anciens combattants et les combattants d’aujourd’hui, nous a confié Louis Stacy de Kahnawake. Si nous vivons tous libres aujourd’hui, c’est grâce à eux. »

Parmi les nombreux anciens combattants présents, on retrouvait aussi le caporal Gaston Delisle du Royal 22Régiment, qui aura 92 ans dans une semaine et qui a combattu durant 15 mois pendant la guerre de Corée. « Je m’ennuie de mes chums qui sont morts là-bas », a dit l’homme très ému au terme de la cérémonie.

De Verdun, Violet Drummond, une anglophone qui était dans la marine durant la Seconde Guerre mondiale, vient de son côté tous les ans et s’en réjouit.

« Dieu merci, on n’abandonne pas. On continue à remercier tous ceux qui travaillent pour notre pays et c’est merveilleux, a-t-elle lancé, bien assise dans un fauteuil roulant, une couverture sur ses jambes. On ne célèbre pas la victoire, mais la beauté de voir encore aujourd’hui des jeunes gens prêts à s’engager dans l’armée, la marine et l’aviation. »

Lorsque les journalistes lui ont demandé de parler un peu de son parcours, Mme Drummond a indiqué avoir longuement vécu à Hong Kong et Singapour.

« J’ai aussi été mariée deux fois et je cherche un troisième mari. Quelqu’un est-il disponible ? », s’est enquise la dame qui aura bientôt 99 ans.

Personne n’a fait un pas en avant, mais tout le monde a bien ri.