(Ottawa) L’intention du ministre des Affaires étrangères d’effectuer son deuxième voyage officiel en moins d’un mois a soulevé des questions sur ce qui est autorisé pour les personnes en quarantaine — et sur un certain écart entre ce que l’on dit aux Canadiens et ce que prévoient effectivement les règles fédérales.

Le cabinet de Marc Garneau assure que le ministre observe une quatorzaine depuis qu’il est rentré d’une réunion des ministres du G7 au Royaume-Uni, la semaine dernière. Son bureau indique que M. Garneau est revenu au Canada le 6 mai et qu’il a passé deux nuits dans un hôtel montréalais approuvé par le gouvernement, comme l’exige Ottawa pour ceux qui arrivent au pays par avion.

Or, le 18 mai prochain, soit un jour avant la fin de sa quarantaine obligatoire de 14 jours, le ministre doit s’envoler vers Reykjavik, en Islande, pour participer à la 12e réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique, les 19 et 20 mai.

Ce voyage officiel survient alors que le premier ministre Justin Trudeau et l’Agence de la santé publique du Canada martèlent depuis des mois aux Canadiens de renoncer à tout voyage non essentiel, afin de lutter contre la pandémie de COVID-19 et l’arrivée de variants.

M. Trudeau a qualifié ce deuxième voyage du ministre Garneau d’« essentiel », notant que les déplacements requis pour le travail sont toujours autorisés et que toutes les règles sanitaires seront respectées.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, croit que M. Garneau ne devrait pas faire le voyage en Islande. « En tant que dirigeants, nous devons utiliser notre position pour donner le bon exemple et éviter tout voyage non essentiel », a déclaré M. Singh en conférence de presse, mercredi. Il estime « choquant » de voir que les libéraux ne semblent pas suivre leurs propres règles.

Des exceptions

Interrogé sur les raisons pour lesquelles M. Garneau, qui a été vacciné en mars, est autorisé à quitter sa quarantaine de 14 jours un jour plus tôt, Affaires mondiales Canada a invoqué le règlement fédéral. On y lit qu’une personne peut quitter le Canada avant la fin de sa période de quarantaine de 14 jours si elle continue sa quarantaine jusqu’à la date de son départ.

Mais on ajoute aussi que « vous devez utiliser un véhicule privé pour votre départ du Canada » et que « vous n’aurez pas le droit de prendre un vol si vous faites l’objet d’une ordonnance de quarantaine » — l’injonction « n’aurez pas » est en caractère gras sur le site du gouvernement.

Une porte-parole d’Affaires mondiales Canada s’est référée à la réglementation fédérale, y compris le décret du 21 avril qui prévoit notamment des exceptions. Le décret stipule ainsi qu’une personne en quarantaine peut, « à la discrétion de l’agent de quarantaine », quitter le Canada « à bord d’un véhicule privé avant l’expiration de la période d’isolement de quatorze jours si elle s’isole jusqu’à son départ du Canada ».

Le cabinet de M. Garneau confirme que pour se rendre au Royaume-Uni, début mai, le ministre avait pris un vol commercial. Cette fois, il montera à bord de l’un des appareils Challenger de l’armée canadienne, a indiqué le porte-parole Ricky Landry. Ces appareils sont disponibles pour le premier ministre ainsi que pour les ministres.

M. Trudeau a déclaré qu’il espérait participer en personne à la réunion des dirigeants du G7 au Royaume-Uni, du 11 au 13 juin.