Au lendemain de la démission de l'ambassadeur du Canada, John McCallum, un autre ressortissant canadien vient d'être arrêté en Chine, rapporte le quotidien South China Morning Post, qui reprend des informations en provenance d'un journal de Macao.

L'homme de 61 ans, dont l'identité n'a pas été divulguée, aurait été arrêté à Macao pour une affaire de fraude qui s'élèverait à 375  millions. Toujours selon le quotidien chinois, l'homme aurait utilisé de faux documents pour pousser une entreprise de divertissement à transférer de fortes sommes vers un compte bancaire de Hong Kong.

C'est un commis de la banque de l'entreprise, voyant que la signature présentée n'était pas conforme, qui a sonné l'alerte contre le Canadien, qu'on désigne simplement sous le nom de Leao. Le suspect a fini par quitter l'établissement bancaire et a été arrêté quelques heures plus tard, alors qu'il se préparait à quitter la ville. Ces faits ont été rapportés, à l'origine, dans l'édition de dimanche du Macau Daily.

Les relations diplomatiques entre le Canada et la Chine sont tendues depuis l'arrestation de Meng Wanzhou, qui fait partie de la haute direction du géant de télécommunications Huawei, arrestation qui s'est faite à la demande du gouvernement américain. Les États-Unis accusent Mme Meng d'avoir violé les sanctions en vigueur à l'endroit de l'Iran.  

Deux Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, sont détenus en Chine depuis le mois de décembre. Ils ont été appréhendés par les autorités peu après l'arrestation de Mme Meng. Un autre Canadien, Robert Lloyd Schellenberg, a récemment été condamné à la peine de mort par un tribunal chinois, qui a renversé une sentence rendue en novembre. Il avait alors été condamné à 15  ans de détention.  

Hier, l'ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, s'est fait montrer la porte par le premier ministre Justin Trudeau, pour avoir fait des commentaires jugés inappropriés sur le cas de Mme Meng. M. McCallum avait d'abord émis l'opinion que Mme Meng pourrait présenter « de bons arguments » pour s'opposer à son extradition. Deux jours plus tard, il avait déclaré que ce serait « très bien pour le Canada » si les États-Unis laissaient tomber leur demander d'extradition, car cela pourrait aider les deux Canadiens détenus à Pékin.

Nous avons cherché à obtenir les commentaires du ministère des Affaires étrangères du Canada sur cette nouvelle arrestation. On ne nous a pas rappelés.

Cependant, la ministre Chrystia Freeland, dans une entrevue au réseau CNN aujourd'hui, a estimé que les deux Canadiens étaient détenus en Chine « de façon arbitraire » et a réclamé leur libération. Quant à la peine de mort prononcée contre M. Schellenberg, elle est « cruelle et inhumaine », juge-t-elle.

Le Canada, a-t-elle fait valoir, n'avait pas le choix que d'accepter la demande d'extradition formulée par les Américains. « Il n'y a pas de motifs politiques derrière tout cela. Elle n'est accusée d'aucun crime au Canada », a indiqué Mme Freeland.

- Avec La Presse canadienne et le South China Morning Post