Une Québécoise qui avait été mise en adoption peu après sa naissance en 1955 et qui a passé des décennies à chercher des réponses à ses questions sur ses origines peut maintenant dormir sur ses deux oreilles.

Raymonde Thibeault fait partie des milliers de Québécois qui ont bénéficié d'une loi de l'ancien gouvernement qui a retiré le voile de confidentialité lié aux dossiers d'adoption dans la province.

Après avoir obtenu le nom de sa mère biologique, la dame de Chambly a trouvé un avis de décès. Avec ces informations, elle a pu retrouver des cousins, qui avaient connu la femme qui l'a mise au monde.

Elle n'avait que peu de détails sur son père biologique, cependant, bien qu'un site de généalogie lui ait suggéré qu'elle avait une demi-soeur appelée Josée Fournier.

En décembre, elle se résignait à se dire qu'elle n'en saurait probablement jamais plus sur son père, ou sur sa rencontre avec sa mère. Mais un mois plus tard, elle a trouvé les pièces restantes du casse-tête, et même plus.

À l'aide de sites internet spécialisés en tests d'ADN, Mme Thibeault a pu trouver Mme Fournier dans une banlieue à l'ouest de Montréal.

Josée Fournier, née neuf mois après Mme Thibeault, ne savait pas qu'elle avait une demi-soeur lorsqu'elle l'a contactée.

Mme Thibeault lui a demandé des informations sur son père dont elle connaissait les réponses - son apparence physique et son métier dans les années 50 - et leur profil correspondait.

Soixante-trois ans après la mise en adoption de Mme Thibeault, le jour de Noël de l'année 1955, un grand secret venait d'être révélé.

« Je me suis mise à pleurer, a-t-elle confié en riant. On pleurait toutes les deux et j'ai trouvé ça extraordinaire d'être accueillie dans cette famille-là de cette façon-là. »

Elle a aussi appris qu'elle a un demi-frère qui vit à 10 minutes de voiture de chez elle. Et son père, âgé de 93 ans, est toujours vivant. Mme Thibeault espère le rencontrer bientôt.

Josée Fournier dit avoir ressenti une forte connexion au moment où elle a parlé à sa demi-soeur, qui a commencé à pleurer en entendant sa voix.

« Elle m'a tellement cherchée, Raymonde, a-t-elle raconté. Quand j'ai lu l'article de journal et sur son Facebook, tu te dis : "Mon Dieu Seigneur, ce n'est pas croyable que quelqu'un me cherche et veut me voir à ce point-là ».

Raymonde Thibeault dit avoir obtenu les réponses à toutes ses questions.

« J'ai tous mes morceaux », a-t-elle indiqué.

« C'est sûr que je ne sais pas comment mon père et ma mère se sont rencontrés, mais ça, ce n'est pas très grave. J'ai vu des photos de lui et parmi les enfants qu'il a eus, c'est moi qui lui ressemble plus, curieusement. »

Le gouvernement du Québec a modifié des lois pour dévoiler de nouvelles informations aux enfants adoptés en deux phases. Depuis le mois de juin, il révèle l'identité de parents biologiques décédés aux enfants adoptés et orphelins.

Au mois de juin prochain, la loi permettra aux enfants adoptés de savoir le nom de leurs parents biologiques qui sont toujours vivants. Ces parents auront eu un an pour dire au gouvernement qu'ils veulent conserver leur anonymat jusqu'à un an après leur mort.

Deux additions à la famille

La loi a eu un impact profond sur Mme Fournier et sa famille : en plus d'avoir trouvé une demi-soeur, elle a aussi découvert que sa mère avait donné naissance à un fils, âgé de 68 ans, qui l'a aussi contactée.

« Les familles en vieillissant diminuent, nous c'est le contraire, ça augmente, je me retrouve avec un frère de plus et une soeur de plus, a-t-elle affirmé. Je trouve ça bien agréable. »

Son demi-frère habite la région du Saguenay et il s'est rendu jusqu'à chez elle pour la rencontrer, elle et sa famille. Après avoir appris le nom de sa mère l'an dernier, un avis de décès l'a mené à Mme Fournier et ses frères.

« Lui, ça fait 35 ans qu'il nous cherche, a-t-elle relaté. Je l'ai appelé au jour de l'An, et il m'a dit : "C'est le plus beau Noël que j'ai passé depuis longtemps". »

Mme Fournier s'est souvenue que sa famille ne savait pas quoi penser lorsque son demi-frère s'est présenté. Mais une tante a confirmé son existence, affirmant que sa mère, qui n'était pas mariée à l'époque, avait été forcée de donner son bébé en adoption.

« Je pense qu'il va y en avoir beaucoup [des histoires comme ça] », a-t-elle prédit.

« C'était terrible pareil que dans ces années-là, les femmes qui étaient obligées de les donner en adoption. »

Peut-être qu'elle se découvrira d'autres frères et soeurs, mais pour l'instant, Mme Fournier se réjouit des nouvelles additions dans sa famille.

« Je sens qu'on va avoir un contact assez fort. Pourquoi ? Je ne sais pas exactement. Mais je sens qu'on va être proches », a-t-elle conclu.