« Le pétrole consommé par les Québécois doit venir du Canada », a affirmé le premier ministre albertain, Jason Kenney, ce matin dans le cadre du 25e Forum économique international des Amériques, à Montréal.

Du même souffle, il a critiqué les taxes sur le carbone imposées par le gouvernement Trudeau, et a aussi dénoncé le projet de loi C-69 qui rendra « impossible la construction de pipelines » au Canada. Il a qualifié d’« inconstitutionnelle » cette nouvelle loi renforçant les évaluations environnementales de projets majeurs.

M.  Kenney a tendu la main au premier ministre François Legault afin de « protéger les provinces » de l’ingérence fédérale, notamment dans le cas du projet de loi C-69.

OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Un site d'exploitation de sables bitumineux à Fort McMurray, dans le nord-est de l'Alberta.

Les deux hommes se rencontreront à l’Assemblée nationale, cet après-midi, et ils souperont ensemble en soirée. Ce face-à-face restera privé : ni M. Legault, ni M. Kenney ne rencontreront la presse en marge de la rencontre.

Les discussions risquent d’être orientées vers la production de pétrole, un sujet sur lequel les deux premiers ministres ont affiché leur désaccord. En avril, M. Legault avait fermé la porte au nez de son homologue albertain pour la construction d’un nouveau pipeline au Québec. Il a aussi qualifié les sables bitumineux d’Alberta d’« énergie sale ».

Le premier ministre albertain a critiqué un système péréquation injuste pour l’Alberta. « J’espère que vous comprenez la frustration des Albertains, a-t-il dit. Le Québec reçoit 13 milliards de ces transferts par année et la majorité provient de l’Alberta. »

M.  Kenney a salué l’idée du premier ministre du Québec d’affranchir la province de la péréquation afin d’avoir de meilleures relations avec le reste du Canada.

Le premier ministre de l’Alberta désire « contribuer » à l’effort pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais dans un contexte où la demande mondiale est en augmentation, il souhaite que l’énergie consommée au Canada provienne des provinces plutôt que de « dictatures » comme le Venezuela.

M.  Kenney a réitéré son appui au projet de gaz naturel liquéfié GNL Québec. « Ce serait un bon partenariat entre les provinces pour ramasser les richesses que nous partageons », a-t-il affirmé.

Legault ne plie pas

Les commentaires de M. Kenney et sa visite au Québec n’ont pas fait fléchir M. Legault. Le premier ministre a réitéré son opposition à la construction d’un pipeline qui transporterait le pétrole albertain sur le territoire québécois. Un tel projet ne passer pas le test de « l’acceptabilité sociale », a-t-il fait valoir.

« On va s’entendre sur le fait qu’on souhaite que les provinces aient plus de pouvoir, entre autres en matière d’immigration, a dit M. Legault. On va s’entendre sur une collaboration, qu’on veut plus d’échanges économiques à l’intérieur du Canada. On ne va pas s’entendre sur un projet d’oléoduc qui va passer sur le territoire québécois. »

En revanche, il a réitéré son intérêt pour le projet de gazoduc GNL Québec, qui doit relier l’Ontario à un terminal de liquéfaction à Saguenay.

-Avec Martin Croteau