Près d'une centaine de travailleurs d'Hydro-Québec ont pu quitter jeudi matin le chantier de La Romaine 4 sur la Côte-Nord, dont l'accès est bloqué par les Innus de Nutashkuan depuis mercredi matin.

Une rencontre est prévue vendredi matin entre les représentants autochtones et la direction de la société d'État, mais à moins d'un déblocage à ce moment, Hydro-Québec n'aura d'autre choix que de poursuivre l'évacuation de ses travailleurs puisque ceux qui doivent les remplacer ne pourront accéder au chantier.

« Nous avons un problème d'approvisionnement : non seulement en matériel, en nourriture, en essence et tout, mais évidemment en travailleurs puisqu'ils ne peuvent plus entrer », a expliqué le porte-parole de la société d'État, Serge Abergel, en entrevue avec La Presse canadienne.

« Graduellement, par étapes, nous sommes en train de démobiliser le chantier, de l'évacuer. Au rythme actuel, d'ici le week-end, le chantier sera presque vide ; on va y maintenir des activités d'entretien », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la société d'État ne cache pas son inquiétude face à la présence d'armes dans le campement des Autochtones qui ont érigé la barricade.

Cette présence a été confirmée jeudi matin par le porte-parole de la communauté innue, Daniel Malec, en entrevue au 98,5 où l'animateur Paul Arcand a dû s'y prendre à trois reprises avant d'obtenir une réponse.

« Oui on a des armes pour chasser », a-t-il fini par laisser tomber, ajoutant que tout autre usage avait été formellement interdit par le conseil de bande et les aînés.

Ces propos ne rassurent pas pour autant la société d'État.

« Je comprends qu'on nous dit que c'est pour la chasse, mais il reste que c'est assez inconfortable d'avoir des gens qui ont des armes à feu qui bloquent l'accès à un chantier », a dit M. Abergel.

Rejoint sur les lieux de la barricade, le sergent Hugues Beaulieu, de la Sûreté du Québec, a précisé que le tout se déroulait dans le calme et sans animosité et que les policiers étaient simplement sur place « en surveillance ».

Le litige concerne surtout la coupe de bois autour du réservoir, que les Innus voudraient renégocier.

La question avait déjà fait l'objet d'une première renégociation à la suite de l'érection d'un autre barrage en 2015.

Les Innus réclament d'étendre la coupe plus profondément sur les parois de la vallée, ce qui leur fournirait davantage de travail que ce qui avait été prévu à la renégociation de 2015.

L'évacuation du chantier, si elle devait se compléter, représenterait une dépense imprévue de 250 000 $ par jour pour Hydro-Québec à compter du moment où les travaux seraient complètement interrompus, soit à compter du week-end, et Serge Abergel ne cache pas que l'on attend anxieusement le résultat des discussions de vendredi « pour voir si on peut désamorcer cette problématique ».

Il fait valoir qu'au-delà des coûts, la fermeture du chantier aurait un impact humain très important : « On a quand même 750 travailleurs qu'on va mettre à pied avant le temps des Fêtes ».

De cette main-d'oeuvre, la moitié provient de la Côte-Nord et 5 %, soit près d'une quarantaine, sont autochtone.