Les soldats canadiens avaient le moral fragile lorsqu'ils ont été déployés pour former les forces afghanes au terme de la mission de combat dans la province de Kandahar, en Afghanistan, indique-t-on dans un sondage des Forces canadiennes.

Un tiers seulement des militaires ayant participé à l'étude se sont dits prêts à s'engager dans d'autres missions du même genre à l'avenir, un résultat jugé troublant par les commandants supérieurs de l'armée.

«Le moral des participants était de modéré à bas aux échelles des individus (59 %) et des unités (72 %)», indique-t-on dans le sondage.

La moitié des participants ont reconnu la valeur de la formation auprès des Afghans, mais seulement un «tiers d'entre eux (32 %) sont optimistes» face à cette mission.

Et seulement 58 % des soldats interrogés ont dit que leur travail, qui consiste essentiellement à former les entraîneurs de l'armée nationale afghane, était «significatif ou important» pendant les six à huit mois de leur déploiement. Là encore, la direction de l'armée a sourcillé à cette donnée.

«La chaîne de commandement devrait s'inquiéter face à un taux aussi bas d'appréciation et de satisfaction du travail, qui pourrait mener à une faible propension au redéploiement dans des missions semblables à l'avenir», prévient-on dans une note préparatoire datée du 11 juillet 2012.

Le sondage, mené auprès de 69 % des 950 membres de la force opérationnelle, a été effectué en mars 2012. La Presse Canadienne en a obtenu copie en vertu de la Loi d'accès à l'information, de même qu'à des documents préparatoires pour le commandant de l'armée à l'époque, le lieutenant-général Peter Devlin.

La publication de ces documents coïncide avec la dernière phase du retrait des quelque 905 militaires canadiens toujours présents en Afghanistan, mettant ainsi un terme à une mission de combat de cinq ans. Le retrait ne sera pas complété avant le printemps prochain.

Mais au dire du lieutenant-général Stuart Beare, lorsqu'une personne se retrouve dans un contexte stressant, il est parfois difficile d'apprécier tout ce qui se passe. Il se dit toutefois confiant que les militaires comprendront l'importance de leur travail accompli une fois de retour à la maison.

«J'ai eu vent et j'ai moi-même vu des frictions normales qui surgissent dans le cadre d'un rôle d'entraîneur et de mentor, surtout avec les barrières de la langue et de la culture. Mais, au final, j'ai plutôt entendu une satisfaction généralisée», a-t-il soutenu.

Même si les militaires se trouvaient loin des zones de combat du sud du pays, 59 % d'entre eux étaient soumis à un taux significatif de «détresse psychologique», une donnée qui correspond à ce que les soldats rapportaient pendant les opérations de combat.

Mais cette fois-ci, le «stress extrême» des entraîneurs s'explique plutôt par ce qu'ils perçoivent comme un «manque de soutien».

Contrairement aux cinq années passées dans la province de Kandahar, la mission de formation à Kaboul n'a reçu que peu d'attention médiatique. Plusieurs soldats ont dit avoir l'impression que même s'ils étaient toujours dans des zones à risque, le pays les avait oubliés.

Le gouvernement Harper a promis, notamment lors du dernier Discours du trône, qu'il honorerait les troupes canadiennes et leur implication en Afghanistan une fois que tous seront rentrés.